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Nouvelles consommations : de quoi avons-nous besoin ?

samedi 12 septembre 2020

Transitions démographique, économique, numérique, écologique, ces mutations profondes et rapides suscitent de légitimes inquiétudes. Des choix environnementaux, économiques et sociaux courageux doivent être faits. Toutes les générations sont concernées. Associant dans une démarche nouvelle citoyennes et citoyens tirés au sort ainsi que représentantes et représentants de la société civile organisée, le CESE dans son avis « Construire les solidarités de demain » préconise plusieurs propositions. Prenons connaissance du chapitre « Nouvelles consommations : conscience écologique et sobriété ».

De quoi avons-nous réellement besoin ?
Dans les nombreux avis du CESE qui traitent du climat et de l’énergie, la sobriété énergétique est considérée comme un objectif. L’avis de « la transition énergétique » affirme : « la sobriété passe par une réflexion sur les fins de nos consommations d’énergie. Elle suppose de répondre à la question : de quoi avons-nous besoin ? ». Cela suppose une réorganisation plus ou moins profonde et plus ou moins directive de la société et de nos modes de vie (consommation, habitat…). Cette idée ne fait pas l’unanimité même si elle progresse. La sobriété renvoie à trois champs d’action :

  • La sobriété dimensionnelle qui recherche le juste dimensionnement des moyens par rapport aux besoins : dimension des voitures, de la surface des logements…,
  • La sobriété d’usage qui s’applique au niveau et à la durée d’exploitation des appareils,
  • La sobriété dite conviviale qui tend à une meilleure utilisation collective du territoire au travers de l’urbanisme et de la mutualisation des besoins (mobilité…).

Si les comportements résultent in fine de choix individuels, ils sont fortement déterminés par des choix collectifs, des choix de société. Une partie importante de la population n’a d’ailleurs pas les moyens de la sobriété, s’agissant en particulier d’énergie et de mobilité. Il faut mettre en œuvre des mesures collectives, qui rendent possibles et acceptables les mesures individuelles (sans développement des transports en commun, sans renoncer à l’étalement urbain, il ne sera pas possible de renoncer au véhicule individuel, etc.).

Consommer responsable contribue ainsi à faire évoluer les modes de production et de consommation pour optimiser les bénéfices individuels et collectifs. Les politiques en faveur de l’économie circulaire jouent ainsi en faveur de la sobriété. « Il faut progresser vers une économie différente, où nous consommons de manière sobre, où les produits ont une durée de vie plus longue, où nous limitons les gaspillages et où nous arrivons à faire de nos déchets de nouvelles ressources ».

La sobriété trouve également une place dans les politiques publiques de réduction des déchets, avec l’obligation de mettre en œuvre des programmes locaux de prévention des déchets ménagers et assimilés. Plus généralement, les actions promouvant le réemploi, la réparation, la seconde vie des objets, la mutualisation de biens, la lutte contre le gaspillage alimentaire, le refus du tout jetable ou la limitation de la publicité entrent dans le cadre de la sobriété, en tant qu’alternative à l’achat ou à la production d’un bien matériel.

L’avis du CESE sur la dépendance aux métaux stratégiques a illustré de manière synthétique et vivante l’essentiel de la problématique : alors que les Français et les Françaises pensent posséder en moyenne 34 équipements électriques et électroniques par foyer, ils en ont en réalité 99, dont 6 inutilisés. Il est donc indispensable de sensibiliser le public au besoin de plus de sobriété, et de casser le mythe du « high-tech » qui conduit à remplacer massivement des équipements encore en état de marche : téléphones portables, électroménager […]. Cela ne signifie en rien qu’il faut vivre moins bien, mais qu’il faut prendre en compte l’impact de ses choix :

  • à l’achat, en définissant bien ce dont on a besoin et en choisissant en fonction des labels environnementaux ;
  • à l’utilisation, en limitant les gaspillages comme les pollutions et en faisant durer les produits ;
  • au moment de jeter, en favorisant le réemploi et le tri pour recycler.

L’une des conditions de réussite des politiques publiques incitant à ces changements de comportements dans la consommation et les modes de production est l’attention portée à l’ensemble des enjeux, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux, et à leurs interactions, avant toute prise de décision.

Préconisation 23 du rapport

Parce que la promotion de nouveaux modes de vie, celle d’une organisation de la société orientée vers plus d’équilibre et de durabilité, ne sera efficace qu’à la condition d’y embarquer l’ensemble des générations, en ne laissant personne sur le quai, l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) concerne tous les âges de la vie.

  • Le CESE préconise de sensibiliser les citoyens et les citoyennes pour faire évoluer les habitudes de consommation afin qu’ils et elles aient recours plus naturellement à des productions locales, favorisant une alimentation de proximité, accessible, traçable, respectueuse de l’environnement et compatible avec le « zéro déchet », sujet sur lequel le CESE prépare un avis.
  • Le rôle de l’Environnement et développement durable (EEDD) est ici fondamental. Le CESE lui a consacré un avis en 2013 et un nouveau travail est en cours. Sa place doit être renforcée dans l’intérêt des générations futures.
  • Une mission a été confiée fin 2019 par les ministres Elisabeth Borne et Brune Poirson à Thierry Libaert et Géraud Guibert sur le rôle de la publicité dans la transition écologique. Ses conclusions seront rendues cette année. Le Conseil y sera attentif.

Préconisation 24 du rapport

Parce qu’elle influence fortement nos comportements et nos habitudes de consommation, il convient également de s’interroger sur la place de la publicité et sur sa régulation. Avec l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) qui publie chaque année conjointement avec l’Adème un bilan publicité et environnement, notre pays figure parmi les plus avancés en matière de régulation publicitaire.

Le CESE préconise de renforcer le rôle de cette agence en étendant ses compétences au contrôle des publicités allant à l’encontre des engagements environnementaux nationaux. Il s’agirait :

  • d’alerter les pouvoirs publics et les commanditaires des publicités lorsque celles-ci ne sont pas en accord avec les objectifs gouvernementaux en matière d’environnement ;
  • de transmettre à la justice les irrégularités constatées ;
  • de présenter chaque année un rapport public sur l’activité publicitaire au regard des objectifs environnementaux, support d’une réflexion critique sur son évolution.

« Nous, le groupe citoyen du CESE, nous nous sentons profondément concernés et sensibilisés à la problématique environnementale et écologique. Aujourd’hui, nous subissons une dégradation de la biodiversité et nous risquons un emballement du climat. L’épuisement des ressources est un risque majeur :

  • Perte de production agricole, impact sur la santé, etc. Il y a néanmoins une prise de conscience et des actions locales qui existent et se développent pour contrer les effets néfastes sur l’environnement.
  • Ces actions concernent la consommation locale, en circuit court, des modes de déplacement nouveaux et la réduction des trajets non obligatoires.
  • Des systèmes d’entraide et d’échange existent par exemple pour réparer les objets défectueux, mais on n’en a pas forcément connaissance. En général, les personnes n’ont pas de vision de ce qui existe au niveau local autour d’elles, alors qu’il y a par ailleurs, dans ce type de pratiques, de très bonnes idées à diffuser ».

La crise sanitaire liée au Covid-19 a révélé que des formes de solidarité entre citoyens sont possibles et elles doivent perdurer. Il y a une véritable inertie entre ce qui naît de la société civile et ce qui est pris en compte au niveau politique. Par exemple : les mobilités évoluent, mais on ne réfléchit pas assez aux impacts à court, moyen et long terme.

  • La voiture électrique est un exemple de cette idée : utilisation de matériaux rares, recyclage difficile des batteries, bilan carbone mitigé en termes de résultats.
  • Le chemin à faire est encore long pour amorcer une transition environnementale satisfaisante à partir des politiques publiques mises en place aujourd’hui.

D’un côté, des biens et services sobres répondant aux défis environnementaux sont encore trop chers pour être utilisés par tous, de l’autre, le système de réglementation et d’accompagnement n’est pas en capacité d’aider financièrement les ménages.

Le CESE confirme qu’au delà de ces deux dynamiques, la transition environnementale relève aussi de chacun et des comportements individuels. La sobriété énergétique et la révision de nos modes de consommation sont les maîtres-mots qui doivent porter l’avenir de notre société.


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