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Les répercussions professionnelles des évènements de santé dans les TPE

samedi 26 novembre 2022

Les trois plans antérieurs de santé au travail (entre 2005 et 2020) ont bien sûr effectué des recherches sur la situation de santé au travail mais se sont surtout focalisés sur la désinsertion professionnelle qui découle souvent d’un problème de santé, maladie professionnelle, accident du travail ou grossesse à problème : s’ils sont déclarés inaptes, 95 % des salariés concernés sont licenciés. Mais jusqu’à présent, peu d’enquêtes avaient étudié la question du maintien dans l’emploi après de tels évènements, ni n’avaient ciblé les TPE. Dans ce démarrage du 4ème plan, pour combler ce vide, une enquête de la Dares apporte de premiers éléments qui, de surcroît, font ressortir les différences entre hommes et femmes.

Une enquête auprès de TPE de 3 secteurs

L’enquête a été menée auprès de TPE de 1 à 10 salariés, du BTP, de la coiffure et de la restauration, soit 32 monographies alimentées par des observations et 74 entretiens semi-directifs. Donc respectivement un secteur essentiellement masculin, un secteur féminisé et un secteur où femmes et hommes sont présents. Trois secteurs où la santé est mise à rude épreuve, avec des risques élevés et des problèmes de santé importants, tant chez les salariés que chez les responsables de ces entreprises. Et pourtant, dans les TPE les dispositifs de prévention de la santé au travail sont peu développés : plus de la moitié des TPE n’ont pas mis en place de DUERP !

Le maintien dans l’emploi

C’est la première réaction dans les TPE, que ce soient les salariés ou les responsables : « tenir au travail », on ne s’arrête pas ou peu, on peut même dire qu’on banalise souvent ses problèmes de santé. La plupart continuent de travailler malgré des problèmes de santé, que ce soit pour des raisons financières, la nécessité d’un salaire ou pour les dirigeants la peur de compromettre l’avenir de leur entreprise. Et, surtout pour les femmes en situation monoparentale, les contraintes familiales d’élever des enfants.

Aussi les femmes, souvent dans une situation financière plus précaire du fait de leur niveau de salaire et de leur type d’emploi, restent plus souvent en emploi que les hommes après le diagnostic d’une maladie grave. Mais elles baissent plus souvent leur temps de travail alors que les hommes restés dans leur emploi le maintiennent à temps plein même s’ils réduisent leur temps réel de travail. Ils demandent moins souvent un temps partiel et on leur propose ou accorde sans doute moins.

Le maintien dans l’emploi dépend aussi des modes de régulation du collectif de travail pour éviter la rupture : la qualité de l’ambiance et des relations interpersonnelles, la solidarité, qui permettent de tenir au travail malgré les difficultés (douleurs, limitation des gestes…).

La sortie du métier

Quand le maintien n’est pas possible ou souhaité, les stratégies varient : les femmes et les jeunes se retrouvent plus souvent au chômage, et les hommes en invalidité. Il est vrai que cela dépend des métiers et que par exemple tomber d’un toit laisse peu d’alternative alors que les TMS, les problèmes de stations debout se traduisent différemment. En cas de chômage, c’est souvent pour les femmes et les jeunes le temps nécessaire à une réorientation et à monter un projet qui leur convienne mieux et qui leur permette de préserver leur santé, dans une logique anticipatrice. Ajoutons que pour les femmes, qui ont souvent eu plus d’interruptions de carrière, elles doivent continuer de travailler pour avoir les trimestres de cotisation nécessaires pour leur retraite.



Ainsi, on voit bien que dans les TPE le fonctionnement sur les questions de santé au travail, les modes d’action sont différents, en raison du faible nombre de salariés dans chaque entreprise, ce qui change les relations de travail, plus proches, et influe sur l’organisation du travail dans l’équipe de salariés : toute absence se sent fortement. Mais on voit aussi que les petits patrons ne maitrisent pas la réglementation récente sur la prévention de la santé au travail, manquent de conseil sur cette question essentielle et qu’il y a des mesures nécessaires à mettre en place sans tarder dans ces entreprises.


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