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Les femmes peu qualifiées de plus en plus exposées aux horaires décalés, week-ends imposés…

samedi 28 mai 2022

Une étude vient de révéler combien les conditions de travail des femmes peu qualifiées se sont dégradées ces dernières années alors que l’on assiste à une recomposition de l’exposition aux horaires atypiques. La part des femmes cadres en horaires décalés a diminué, tandis qu’elle a augmenté pour les ouvrières et les employées non qualifiées. En cause la place grandissante des femmes dans les métiers du commerce et du soin aux personnes. Voici les conclusions de l’enquête de l’INED menée en collaboration avec la DARES sur les chiffres de 2013 à 2019.

Des horaires atypiques pour 36 % des salariés

Un salarié est considéré comme travaillant en horaires atypiques s’il travaille habituellement selon au moins l’une des modalités suivantes : entre 5 heures et 7 heures le matin, entre 20 heures et minuit le soir, la nuit de minuit à 5 heures et le week-end. En 2019, en France métropolitaine, 36 % des salariés travaillaient habituellement à des horaires atypiques soit environ un salarié sur trois. Une part stable depuis les années 2010 et dans la moyenne européenne, mais une stabilité en trompe l’œil.

Questions de genre

Car si les chiffres globaux sont restés stables, il n’en est pas de même au sein de ce groupe. D’abord parce que désormais ce sont les femmes qui travaillent plus en horaires atypiques que les hommes (37 % contre 35 %). Et ensuite parce qu’au sein du groupe femmes une recomposition est à l’œuvre.

La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées. Chez les hommes, la part des cadres diminue de 14 % tandis que celle des ouvriers non qualifiés stagne.

Globalement, si le travail du soir et de nuit a légèrement reculé entre 2013 et 2019 pour tous, le travail le week-end et tôt le matin a augmenté pour les femmes. Par ailleurs, elles travaillent plus souvent le week-end que les hommes et ont plus souvent des journées discontinues et des horaires imprévisibles. Les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit, mais leur exposition tend à se réduire.

Pourquoi ?

Les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce où le travail dominical a progressé ces dernières années au fil de la loi de 2009 et des réglementations sur l’ouverture des commerces le dimanche. Autre explication, les femmes sont très majoritaires dans les métiers des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide-ménagère), où les horaires atypiques sont structurels. Et ce n’est pas la pandémie de Covid qui va changer la donne avec ces salariées de la deuxième ligne précaires et souvent mal payées.

Enfin, un axe d’explication pourrait être que les politiques de conciliation du travail et de la famille dans les grandes entreprises ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiées.
Les horaires atypiques entraînent des conséquences sur la santé des salariés, des troubles du sommeil, métaboliques (obésité, diabète, hypertension artérielle) et des maladies coronariennes (crise cardiaque et ischémie coronaire). Important pour les femmes, « le travail posté et/ou de nuit augmenterait le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra-utérin », selon l’INRS.

On le voit cette partie de la population salariée est la seule à voir ses conditions de travail empirer sur la durée. Cela ne rend que plus urgente la négociation d’accords sur ces thèmes dans les entreprises et les groupes et la mise en place de politiques publiques en faveur de ce groupe de salariés.


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