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La situation des cadres pendant la crise sanitaire

samedi 13 mars 2021

De nombreuses enquêtes ont saisi la situation et l’opinion des salariés pendant cette crise sanitaire. Plus récemment, de nouvelles enquêtes s’intéressent au vécu et au travail des cadres pendant cette période et à leurs attentes et craintes pour l’avenir. Après une enquête Ugict-Cgt/Secafi avec Via Voice en novembre dernier, celle de la Cfdt Cadres avec Kantar a été publiée fin janvier. Les 2 enquêtes ont d’ailleurs une tonalité différente, celle de l’Ugict, à l’écriture plus alarmiste, démarrant par la critique des choix du gouvernement et du patronat et celle de la Cfdt Cadres s’engageant directement dans l’analyse de la situation des cadres dans cette crise, ce qui sera l’objet choisi ici.

Permanence et renforcement des attentes des cadres

Pendant la crise sanitaire, 95 % des cadres continuent à travailler, un peu moins dans les TPE (91 %), presque tous à temps complet (83 %), 12 % en inactivité partielle. Au total un cadre sur 2 est en télétravail, mais seulement 35 % pour les cadres des TPE et 29 % pour les cadres du public. Les cadres en télétravail y retrouvent de façon renforcée, pour ¼ d’entre eux, la question d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et d’un droit réel à la déconnexion.

Les cadres pensent avoir eu les moyens de s’adapter à la crise sanitaire, de gérer les situations inédites créées par cette pandémie afin de poursuivre les activités économiques et professionnelles. Cependant, 1/3 d’entre eux pensent ne pas être assez aidés par leur hiérarchie, surtout par l’équipe dirigeante et la DRH, pour s’adapter à ces changements, particulièrement dans le secteur public et dans les TPE.

Les cadres demandent toujours une meilleure reconnaissance de leur travail, à 71 %, en particulier les cadres du public (79 %). Ils définissent toujours clairement leurs fonctions, caractérisées par l’autonomie, l’expertise, le pilotage, les décisions à prendre et une polyvalence, sans pour autant les placer majoritairement dans une reconnaissance statutaire, surtout dans le secteur public. Pour eux, les deux conditions sont l’autonomie et les moyens de la polyvalence. Les jeunes cadres (moins de 35 ans) d’ailleurs se plaignent davantage de trop d’autonomie par manque d’accompagnement et de formation (80 %) aux fonctions de manager et ont besoin de mieux gérer leur stress et leur charge de travail. Et 6 cadres sur 10 ont du mal à expliquer les décisions de la direction à leurs équipes et à les motiver, encore plus (à 70 %) les jeunes managers et les managers publics, une question de sens du travail et de non-association aux décisions.



La crise va changer le travail

Les cadres expriment des craintes pour eux-mêmes et leur emploi. 35 % craignent de le perdre, et même 1 jeune cadre sur 2. Beaucoup ont peur d’un blocage de leur rémunération (63 %), de leur carrière (51 %), ou d’être placardisés (36 %).

Mais sous un angle différent, 4 cadres sur 5 pensent que la crise va vraiment changer le travail, les manières de travailler. Que seront ces changements ? Surtout positifs répondent 37 % des cadres, à la fois positifs et négatifs pour 45 % d’entre eux, 18 % seulement s’attendent à connaître surtout des changements négatifs. Les jeunes cadres sont encore plus confiants : 44 % prévoient des changements surtout positifs.



Et le syndicalisme ?

Pour les répondants, le syndicalisme a montré son utilité dans cette période, sauf pour 32 % (« moins importante qu’avant ») : aussi importante qu’avant pour 38 %, plus importante qu’avant pour 30 % et 42 % des jeunes cadres. 18 % disent d’ailleurs être syndiqués et même 25 % des cadres publics mais 10 % seulement des cadres des TPE. 12 % envisagent de le faire.

Pour comprendre cet intérêt renforcé, on peut se référer d’une part aux trois accords nationaux interprofessionnels de l’année 2020, à commencer par celui pour les cadres le 28 février [1], et ceux sur le télétravail le 26 novembre [2] et sur la santé au travail le 9 décembre [3] dont l’intérêt pour les cadres est évident et, d’autre part, à l’action permanente des syndicats et des élus du personnel dans les entreprises et administrations pendant cette crise pour discuter ou négocier les mesures à prendre, poser les questions, les difficultés et participer à leur résolution.


Sources