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L’impact du numérique sur l’égalité Femmes/Hommes

samedi 15 janvier 2022

La crise du Covid-19, avec le développement du télétravail qu’elle a induit, a beaucoup accéléré l’essor de la place du numérique dans l’économie et le travail. Un très grand nombre de salariés, hommes et femmes, se sont retrouvés chez eux devant un ordinateur. D’où la question que pose le Centre d’études de l’emploi et du travail (Ceet-Cnam) : l’usage du numérique modifie-t-il ou reproduit-il les principes et pratiques qui différencient hommes et femmes dans le travail ?

Un rapide historique

Les femmes ont été très partie prenante des débuts de l’informatique : en 1946 le premier ordinateur, l’ENIAC, fut programmé par six femmes mathématiciennes pour faire les premiers calculs électroniques. La machine (le hardware) avait été fabriquée par des hommes. C’est aussi une femme qui créa le langage phare de l’informatique jusqu’au début des années 80, le cobol. Les mêmes ont créé le premier ordinateur commercial en 1951. Mais quand la création de programmes (le software) devint stratégique, les hommes prirent l’ascendant. Pendant ce temps, les femmes devinrent les utilisatrices nombreuses de la bureautique.

Mais si on regarde 20 à 30 ans plus tard, avec une statistique de 2013, les femmes ne représentent plus que 28 % des emplois numériques, car l’usage de ces technologies supprime peu à peu des emplois administratifs (en secrétariat, comptabilité, ressources humaines), logistiques et de petite manutention. Et, d’après le Ceet, l’intensification des rythmes productifs rendue possible par les outils numériques rend frileuses les directions d’entrepôts à l’embauche de femmes, alors que les emplois s’y multiplient.

Une redéfinition des hiérarchies

Elle intervient à plusieurs niveaux.

 D’abord entre les hommes, en fonction de leur maîtrise de ces technologies nouvelles.

 Pendant le premier confinement, alors que 70 % des actifs en emploi travaillaient, 41 % le faisaient en télétravail. Or, pendant cette période, les femmes ont continué d’assumer l’essentiel des tâches parentales et domestiques, même si c’était elles qui dans le couple avaient un travail qui continuait à se dérouler dans l’entreprise, donc à l’extérieur, reproduisant ainsi les rapports traditionnels :

Femmes Hommes
Tâches domestiques au moins 4h/jour 19 % 9 % Chiffres Insee 2020
Tâches parentales + de 6h/jour 43 % 30 % Chiffres Insee 2020
1 pièce autonome pour télétravailler 33 % 41 % Chiffres Ined
Confinés avec des enfants mineurs scolaires 48 % 37 % Chiffres Ined



 La redéfinition vient aussi du lien entre technologies numériques et besoin de qualifications. De nombreux exemples montrent l’ascension professionnelle de salariés qui se sont approprié les techniques nouvelles à mesure qu’elles étaient introduites. Le Ceet remarque aussi l’ouverture nouvelle pour les femmes ingénieurs à se réapproprier le numérique, grâce aux compétences acquises et à leur dynamisme.

Au total, le développement du numérique montre clairement qu’il n’y a pas de déterminisme des participations hommes et femmes dans ces technologies. La réalité dépend avant tout à la façon dont on les utilise.
De plus, d’un point de vue économique, selon la Commission européenne, si les femmes occupaient autant d’emplois que les hommes dans le numérique, il s’ensuivrait un gain d’environ 9 milliards d’euros par an pour le PIB européen. Quant à la France, la parité dans le numérique générerait 10 % de PIB supplémentaire d’ici à 2025 selon une étude de McKinsey.


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