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L’aide publique aux pays en développement à l’épreuve du covid-19

mercredi 9 juin 2021

Alors que les effets dévastateurs du coronavirus (covid-19) sur les pays en développement ne sont pas terminés, l’OCDE, dans un rapport très fouillé, montre les limites mais aussi l’intérêt de la coopération au développement ainsi que les bonnes pratiques pour l’année 2020. L’aide publique au développement s’est élevée à 161,2 milliards en 2020 et ce chiffre n’a jamais été aussi important. À travers le rapport et à partir des leçons de la pandémie, l’organisation internationale suggère des pistes pour une réforme systémique. Elle souhaite que soient mis en place des systèmes nationaux et internationaux résistants, capables de faire face aux chocs mondiaux, de protéger les biens publics mondiaux et d’agir pour le développement durable.

Un 58ème rapport qui éclaire sur les donateurs

Avec 9 chapitres analytiques, 8 études de cas et 5 articles points de vue dont celui de l’Union européenne, ce rapport extrêmement riche révèle d’abord une hausse de l’aide publique des 30 membres du comité d’aide au développement dont la France. Plus de 160 milliards et pour le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, « c’est un chiffre record ». Pour lui, l’aide publique est une décision politique qui ne se résume pas à l’évolution du PIB. Ainsi, les États-Unis sont le principal bailleur de fonds avec plus de 35 milliards de dollars mais cette somme représente 0,17% du revenu national brut. L’Allemagne donne 27,5 milliards qui représentent 0,73% de son revenu national brut. La France a elle aussi comme l’Allemagne ou la Suède un bon ratio. Notre pays donne 13,5 milliards pour 0,53% de son revenu national brut. 16 pays au total ont augmenté leur participation mais l’Australie, l’Italie ou le Royaume-Uni par exemple ont réduit leurs participations.

Où va cette somme ?

Les experts de l’OCDE estiment que la crise épidémique a orienté une partie de l’aide vers des secteurs en prise directe avec la pandémie. Il y a eu une inflexion par rapport aux années passées et l’aide accordée à des secteurs cruciaux pour le développement durable a baissé.
Ce mouvement se reflète dans les pays qui ont bénéficié de l’aide. Globalement l’aide pour les pays à faible revenu a baissé. Alors qu’elle a progressé pour les pays à revenu intermédiaire qui, pour certains, ont plus la capacité de souscrire à des prêts de l’OCDE.

Le seuil de 0,7% recommandé par l’ONU n’est pas atteint

L’ONU recommande un seuil de 0,7% du revenu national brut pour les contributeurs. Seuls 6 pays dans le monde l’atteignent : la Suède, le Danemark, l’Allemagne, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Norvège.

Le secrétaire général de l’OCDE, tout en se félicitant de la progression de 2020, estime : « Nous pouvons, nous devons faire mieux. C’est un test majeur pour le multilatéralisme ». Il estime par ailleurs que l’année 2020 nous a tous appris que, quels que soient notre richesse ou notre bien-être, notre sort est lié et nos systèmes interconnectés. La question de l’accès aux vaccins est bien sûr centrale. Pour l’OCDE, rien ne sera possible si les pays en développement n’ont pas accès aux vaccins. C’est un objectif prioritaire. Enfin, le rapport attire l’attention sur la sortie de crise, propose des axes d’action tout en souhaitant que tous les pays, quel que soit leur stade de développement, trouvent leur propre voie vers une reprise forte, verte et inclusive.

Le plan d’action de l’OCDE

Il vise à renforcer la résilience par le biais d’actions concrètes pour la coopération et le développement au-delà de 2021 :

  • Intégrer l’action climatique dans les stratégies de développement multisectorielles.
  • Soutenir sur le long terme les systèmes nationaux.
  • Éviter une crise du financement du développement.
  • Intensifier les actions collectives visant à fournir et préserver les biens publics mondiaux.
  • Élaborer des stratégies et des solutions d’urgence pour faciliter la coordination internationale en cas de crise.

Le dispositif COVAX

Il permet aux pays les plus pauvres d’accéder à la vaccination. Il est géré par l’Organisation mondiale de la santé et l’ONG Gavi (l’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation). Pour eux, « Personne ne sera en sécurité tant que le monde entier ne le sera pas ». Son objectif est d’assurer une répartition équitable des vaccins contre le covid-19 dans le monde. Il a débuté le 1er mars 2021 avec les premières injections au Ghana et en Côte d’Ivoire. 200 pays et territoires pauvres sont concernés, avec comme priorité les soignants et les personnes plus vulnérables. D’ici fin 2021, le dispositif Covax ambitionne de vacciner au moins 30% de la population de chaque pays participant.

Il est bâti sur un principe de solidarité internationale (G7, G20…). Au total, 190 États sont impliqués dans le programme Covax mais aussi des agences de santé, des fabricants, des scientifiques, des acteurs du secteur privé (comme la Fondation Gates) ou de la société civile (comme l’Unicef). En 2020, plus de deux milliards de dollars ont ainsi été levés auprès de ces acteurs. L’Union européenne est un des principaux donateurs, elle a déjà versé plus de 850 millions d’euros. Aujourd’hui la collecte s’élève à 6,7 milliards de dollars pour un objectif de 8,3 milliards au total.


Sources