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Les travailleurs partagés entre anxiété et espoir devant la transition écologique

mercredi 21 juin 2023

Une étude Élabe-Unédic [1] réalisée en avril 2023 montre que la transition écologique est un vrai sujet de préoccupation pour les travailleurs dont ils ressentent les effets dans leur vie personnelle et leur travail. Ils ont des attentes fortes au travail dans ce domaine. Ainsi, ils attendent plus d’engagement de leurs employeurs. Le sondage montre aussi qu’ils ont une vision plutôt optimiste de cette transition qui, à long terme, devrait déboucher sur un avenir plus « désirable ».

La transition écologique facteur anxiogène

85 % des actifs se déclarent préoccupés ou angoissés par la transition écologique. 21 % des actifs, anxieux pour l’avenir, y pensent souvent et se sentent empêchés de vivre sereinement au point de renoncer à des projets à moyen ou long terme. C’est le cas particulièrement des jeunes.

69 % des actifs, selon l’enquête d’Élabe, se disent touchés dans leur vie quotidienne et 56 % dans leur vie professionnelle.

Les conséquences négatives de la transition écologique citées en premier par les actifs sont celles qui les touchent le plus directement dans leur vie personnelle ou professionnelle. Ainsi ils citent les températures extrêmes et les catastrophe naturelles (24 %), la dégradation des conditions de travail que ces phénomènes apportent (16 %) ou l’augmentation du coût de la vie (14 %).

Ils notent les évolutions positives que la transition écologique apporte sur les changements dans leur comportement dans leur vie personnelle et professionnelle et dans l’évolution des pratiques des entreprises.

La transition écologique : une demande de sens

74 % des actifs ont le sentiment de limiter leur impact sur l’environnement dans leur vie personnelle. Toutefois, ils ne sont que 20 % à avoir le sentiment de contribuer positivement à la transition écologique dans leur vie professionnelle. 39 % pensent que leur travail n’a pas d’impact négatif. Toutefois, 16 % pensent que leur travail a un impact négatif notamment dans les secteurs des transports et chez les ouvriers.

84 % souhaitent que leur travail soit en adéquation avec le défi climatique. Et cela au point que, pour cette raison, 26 % des actifs envisagent de changer de métier ou de secteur ou l’ont déjà fait. Mais beaucoup d’autres n’envisagent pas un tel changement (50 %) ou cela leur paraît très compliqué (24 %).

71 % des actifs considèrent que l’engagement de leur entreprise dans la transition écologique serait un facteur de fidélité ou un facteur d’attractivité (62 %). Un non-engagement, en revanche, pourrait être un repoussoir pour 48 % d’entre eux.

Beaucoup d’attentes de la part des entreprises

Pour 50 % des actifs, les entreprises doivent s’engager sur les questions écologiques et environnementales et 72 % pensent que leur secteur d’activité peut s’adapter. Toutefois, cet engagement est encore trop « timide » que cela soit au niveau de leur secteur d’activité ou au niveau de leur entreprise.

Pour ce qui concerne les autres acteurs, les actifs interrogés attendent beaucoup de l’État (70 %) mais aussi de l’Europe (43 %) et des collectivités territoriales (38%). Ils attendent aussi beaucoup de l’engagement des citoyens eux-mêmes (49 %). Moins d’attentes de la part des autres acteurs de la société et particulièrement, on peut le regretter, des organisations syndicales (3 % seulement).

Une demande forte d’acculturation

54 % pensent que le niveau de compétence des actifs n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques, même s’ils se considèrent plutôt bien informés sur le plan personnel (67 %) mais un peu moins au niveau de leur travail (52 %).

Ils jugent que la transition écologique est insuffisamment abordée au cours de la scolarité comme dans la formation continue. Et ils en appellent à l’État et aux entreprises pour agir dans le domaine de la formation afin d’améliorer le niveau de connaissance générale en matière écologique et environnementale.

Vers « un monde désirable » ?

Malgré tout, les actifs déclarent avoir une vision plutôt optimiste à long terme de la transition écologique. Pour eux, les emplois créés par la crise écologique devraient profiter à tous les secteurs d’activité. Le monde post-transition devrait procurer des métiers plus intéressants (pour 68 %), les travailleurs devraient être plus heureux (65 %) avec de meilleures conditions de travail (62 %) et moins de chômage (56 %).

Finalement, les actifs ont une vision de l’avenir plutôt positive, en décalage avec les discours alarmistes que l’on peut entendre par ailleurs. Cette vision positive sur le long terme ne cache pas le caractère préoccupant et anxiogène de la transition écologique aujourd’hui. Ils attendent toutefois que tous, et notamment les entreprises, s’investissent dans ce domaine. Le récent accord interprofessionnel sur la transition écologique négocié par les organisations syndicales et patronales, pour peu que les partenaires sociaux des entreprises s’en saisissent, est un bon outil pour répondre à cette exigence forte.


Source


Notes :

[1Enquête ÉLABE UNÉDIC réalisée par internet du 25 novembre au 5 décembre 2022 auprès de 2 003 personnes selon la méthode des quotas.