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Les plus éloignés des premiers soins vivent dans les territoires ruraux

mercredi 30 août 2023

Une étude de la DREES, ministère de la Santé, révèle qu’entre 2016 et 2019 les trois quarts des personnes les plus éloignées des professionnels de santé de premier recours vivent dans des territoires ruraux. Mais certaines banlieues souffrent aussi. Ces calculs sont basés sur l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL). En terme qualitatifs, durant cette période, il y a eu du mieux et du moins bien. L’accessibilité géographique aux infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et sage-femmes s’est améliorée (respectivement +9 %, +9 % et +16 %), alors que celle des médecins s’est dégradée (-6 %).

1,7 million de personnes sont concernées

Environ 3 % de la population, soit 1,7 million de personnes, font partie des moins bien lotis en termes d’accessibilité à la fois aux médecins généralistes, aux infirmiers, aux sage-femmes et aux masseurs-kinésithérapeutes. Les trois quarts de ces personnes vivent dans des territoires ruraux selon l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL).

Cet indicateur montre l’adéquation territoriale entre l’offre et la demande de soins de ville (hors hôpital). Il permet de mesurer à la fois la proximité et la disponibilité des professionnels de santé. Il tient compte de l’offre et de la demande issues de la commune puis des communes environnantes, de façon décroissante avec la distance.

L’APL est utilisé dans la méthodologie des zonages conventionnels visant à réguler la répartition des infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et sage-femmes sur le territoire. Il est également utilisé dans le zonage médecins qui définit les zones éligibles aux différentes aides de l’État et de l’Assurance maladie à destination des médecins pour les inciter à s’installer dans certains territoires.

Quelle évolution dans le temps ?

Entre 2016 et 2019, les inégalités d’accessibilité aux sage-femmes se sont réduites et, point positif, l’amélioration de l’APL est plus marquée dans les zones faiblement dotées que dans les zones bien dotées,
Pour les infirmiers, l’amélioration de l’APL moyen est respectivement de 7 % pour les habitants les mieux dotés et de 10 % pour les moins bien lotis. Là aussi une amélioration pour les zones les moins bien dotées même si l’accessibilité est sept fois meilleure chez les 10 % les plus favorisés que chez les 10 % les plus défavorisés.

À l’inverse, malgré une amélioration globale de l’accessibilité aux masseurs-kinésithérapeutes, les inégalités territoriales se creusent pour cette profession entre 2016 et 2019. L’amélioration va aux zones les mieux dotées.

Enfin, durant cette période, l’accessibilité aux médecins généralistes se détériore davantage dans les communes les moins bien dotées (-10 %) que dans les communes les mieux dotées (-4 %), où elle est environ trois fois plus importante.

Regard sur la répartition régionale

La répartition des médecins généralistes sur le territoire est plus homogène que celle des trois autres professions. Les sage-femmes, par exemple, sont réparties de manière très hétérogène. Les inégalités régionales d’accessibilité sont particulièrement importantes en ce qui concerne les infirmiers et dans une moindre mesure pour les masseurs-kinésithérapeutes et les médecins généralistes. Ces inégalités sont directement corrélées à une concentration forte autour des pôles urbains.

La population la moins bien dotée pour les soins infirmiers vit majoritairement en Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et dans les départements limitrophes.

Trois quarts des personnes cumulant des difficultés d’accessibilité vivent dans des territoires ruraux mais certaines banlieues sont aussi concernées

3 % de la population, soit 1,7 million de personnes, sont concernées par ces inégalités d’accès. Les trois quarts de ces personnes vivent dans des territoires ruraux mais l’étude par commune révèle aussi d’autres difficultés. En effet, la répartition par type de commune varie légèrement selon les professions. Presque autant de personnes connaissant des difficultés d’accessibilité aux infirmiers vivent dans des territoires ruraux (47 %) et dans une grande aire urbaine (45 %, dont 30 % dans une banlieue parisienne).

Les populations mal dotées en médecins généralistes, masseurs-kinésithérapeutes ou sage-femmes résident, elles, majoritairement dans des territoires ruraux (respectivement 61 %, 73 % et 62 %). Une fraction relativement importante de la population ayant une mauvaise accessibilité aux sage-femmes vit dans une aire urbaine de petite taille ou de taille moyenne (11 %, contre 6 % de la population totale). Les départements d’outre-mer (hors Mayotte) sont surreprésentés parmi la population mal dotée en médecins généralistes, tandis qu’ils sont relativement bien dotés dans les trois autres professions.

Conclusion

Il s’agit là d’une étude qui concerne la période comprise entre 2016 et 2019 mais les débats actuels et les prises de position de nombreux acteurs (politiques, professionnels, associatifs et syndicaux) montrent une situation toujours dégradée et qui conduit dans de nombreux territoires à une rancœur envers les responsables politiques et administratifs. Cette situation inégalitaire pourrait se résumer à une rupture de l’égalité républicaine et d’un problème professionnel on aboutit à un problème politique. Il est temps d’agir.


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