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Le rapport des jeunes au travail est-il si différent ?

mercredi 6 mars 2024

Beaucoup d’idées circulent et insistent sur une différence de rapport des jeunes au travail, les uns pointant un moindre investissement, une moindre acceptation de l’autorité et une faible fidélité, alors que d’autres les voient comme attendant de leur entreprise des objectifs sociaux et/ou environnementaux forts. L’enquête détaillée menée par l’APEC et Terra Nova déconstruit beaucoup de ces idées reçues et montre des populations de jeunes actifs bien différentes.

Un investissement des jeunes dans leur travail

Le travail est plus ou autant important que les autres facettes de la vie :

Moins de 30 ans 47 %
30-44 ans 47 %
45-65 ans 36 %



Ces premiers chiffres confirment bien une appréhension du travail au moins aussi importante que les autres tranches d’âge, d’autant que 46 % autres jeunes considèrent le travail comme assez important même si c’est moins que le reste de leur vie. Seuls 7 % des jeunes actifs répondent que le travail a peu d’importance. Et cette importance est encore plus accentuée chez les jeunes cadres du privé (57 %).

Leurs réponses montrent que la plupart sont prêts à s’investir encore davantage en cas de pic d’activité (78 %) s’ils en sont rémunérés (52 % sans rémunération), à aller au-delà des missions de leur fiche de poste (70 %), les 2/3 veulent jouer un rôle dans l’évolution de l’organisation de leur entreprise, 69 % se disent attachés à leur entreprise.

Ils expriment une confiance envers les autres acteurs de l’entreprise, collègues (3 sur 4), managers (7 sur 10), représentants du personnel (70 %), direction et RH (près de 2 sur 3)… Ils acceptent l’autorité hiérarchique, 40 % par principe, 43 % quand ils ont compris les décisions même sans être d’accord. Seuls 10 % disent devoir être d’accord avec les décisions pour les appliquer. Ils souhaitent cependant du dialogue et du partage d’information.



Des attentes communes avec les salariés plus âgés qu’eux

Leur première attente est celle d’un travail rémunérateur, à 55 %, corollaire de leur investissement au travail, un niveau comparable à leurs ainés, mais en souhaitant plus qu’eux une progression de leur rémunération.

Ils veulent, en second (41 %), un travail intéressant où ils pourront s’épanouir, souhaitant une variété de tâches et missions, un pourcentage cependant un peu inférieur à celui des autres tranches d’âge.

En 3ème position vient ensuite le souci d’équilibre entre vies personnelle et professionnelle (34 %), item un peu moins important pour eux que pour les plus âgés.



Un désir plus fort de progression professionnelle

C’est un des points de différenciation avec les salariés de 30 ans et plus. Leur approche de la progression n’est pas exclusivement financière : si gagner plus d’argent obtient 89 % de réponses, plus que les 45 ans et plus (82 %), la progression consiste aussi pour eux à être plus autonomes dans leur travail (80 %), à exercer plus de responsabilités professionnelles (à 69 %), et même à devenir managers (pour 50 % des non-managers), toutes réponses plus fortes que celles des 30-44 ans et même beaucoup plus que les 45-65 ans. Inattendu, si les jeunes actifs souhaitent télétravailler (70 %), ils pensent plus que leurs ainés que le télétravail peut ralentir leur progression de carrière, en ratant des informations ou des opportunités, par isolement des collègues (relations et apprentissage) ou des clients.

L’hétérogénéité sociale des jeunes au travail

Cependant, au-delà des traits communs à ces jeunes actifs, de grosses disparités existent entre eux, en fonction de leurs emplois, de leurs positions sociales et de leur projection dans l’avenir, définissant des rapports différents au travail. L’Apec les identifie en 6 types distincts : les ambitieux (39 %) et les satisfaits (14 %), au rapport positif au travail et à l’avenir professionnel, les attentistes (11 %) et les distanciés (6 %) qui voient leur travail avec distance, comme une routine et enfin les combatifs (20 %) et les découragés (10 %) qui voient leur travail comme une contrainte et avec lequel ils ont un rapport dégradé voire conflictuel.

Une origine sociale aisée identifie plus souvent ces jeunes comme faisant partie des ambitieux (53 %), peu parmi les découragés (3 %). Ceux dont l’origine sociale est peu aisée se retrouvent soit parmi les ambitieux (40 %) s’ils ont déjà progressé dans l’échelle sociale, soit sinon chez les combatifs (32 %). Les jeunes issus des classes moyennes se retrouvent plutôt parmi les satisfaits ou les attentistes. Les différences traversent aussi les catégories socioprofessionnelles où on les retrouve : cadres (48 %) et indépendants (63 %) sont surtout parmi les ambitieux et un bon quart (27 %) des ouvriers sont dans le groupe des combatifs.



En conclusion

Ainsi, cette enquête montre, contrairement aux préjugés répandus sur « les jeunes », qu’existent de nombreuses proximités des jeunes actifs avec leurs ainés. Ils accordent une place importante – voire très importante - au travail dans leur vie. Contrairement à ce qui s’est beaucoup écrit, leur recherche de sens et le souci de l’impact social et environnemental de leurs activités sont à un niveau proche de celui de leurs ainés, pas plus. La grande majorité a un regard positif sur sa situation professionnelle, mais ils sont plus demandeurs de formation, de l’apport du collectif pour leurs apprentissages et de possibilités d’évolution. En fait, la principale différenciation avec les actifs plus âgés qu’eux vient du fait qu’ils sont au début de leur vie professionnelle et donc de leur parcours ou carrière. En fait, le problème principal qui ne s’estompe pas est que les inégalités sociales se retrouvent dans cette classe d’âge, en continuation de ce que révèle encore la dernière enquête Pisa sur le poids du statut social des parents sur les résultats scolaires de leurs enfants.

Méthodologie

 Échantillon principal : 3 073 jeunes actifs de moins de 30 ans (en emploi ou à la recherche d’un emploi mais ayant déjà travaillé), représentatifs (sexe, âge, niveau de diplôme, situation d’emploi, secteur d’activité, taille d’entreprise et région. Au sein de cet échantillon, 458 cadres salariés du secteur privé.

 Échantillon miroir : 2 045 actifs de 30 à 65 ans (en emploi ou à la recherche d’un emploi mais ayant déjà travaillé), représentatifs (sexe, âge, niveau de diplôme, situation d’emploi, secteur d’activité, taille d’entreprise et région. Au sein de cet échantillon, 464 cadres salariés du secteur privé.


Sources

Apec/Terra nova :