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La redistribution en France plébiscitée

mercredi 8 novembre 2023

D’après une enquête de l’INSEE, la redistribution élargie, incluant l’ensemble des transferts monétaires et les services publics, améliore le niveau de vie de 57 % des personnes. Impots, taxes, allocations familiales, services publics, mis bout à bout, représentent la somme de 500 milliards d‘euros par an.

Les auteurs de l’enquête ont tenu compte de l’impact des prestations publiques en matière d’éducation, de santé, de transport, de logement ou de retraite :

  • Les mécanismes de distribution bénéficient à plus de 6 Français sur 10. Cette redistribution profite majoritairement aux ménages les plus modestes et aux plus de 65 ans.
  • Avant transferts, les 10 % de ménages les plus aisés disposent d’un revenu 18 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. L’écart n’est plus que de 1 à 3 après redistribution.

La réduction des inégalités passe par deux canaux principaux :

  • Les ménages aisés disposent en moyenne de 127 270 euros avant prélèvement de 72 530 euros. Par la redistribution, ils reçoivent 13 420 euros.
  • Les ménages pauvres disposent initialement de 6 980 euros et ils contribuent à hauteur de 7 410 euros à la redistribution. Mais les ménages les plus modestes reçoivent par la redistribution 23 450 euros hors retraites.

Pour définir les niveaux de vie, l’INSEE retient 5 groupes, à partir du niveau médian :

  • Pauvres (en dessous de 60 % du niveau de vie médian, soit13 % de la population),
  • Modestes (entre 60 % et 90 % du niveau médian, soit 27 % de la population),
  • Médians (entre 90 % et 120 % du niveau médian, soit 27 % de la population),
  • Plutôt aisés (120 % à 180% du niveau médian, soit 24 % de la population),
  • Aisés (au-dessus de 180 % du niveau médian, soit 10 % de la population).

Une large majorité de Français (57 %) sont des bénéficiaires nets :

  • « Plus de 95 % des personnes parmi les plus modestes sont bénéficiaires nets de la redistribution élargie, contre 13 % parmi les 5 % les plus aisés » précise l’INSEE.
  • Les services publics jouent un rôle prépondérant et expliquent 53 % de la réduction des inégalités grâce aux dépenses de santé et d’éducation. Les prestations monétaires y contribuent mais à hauteur de 40 %.
  • Cependant, les prélèvements obligatoires contribuent à faire augmenter légèrement les inégalités. L’effet de la dégressivité des différentes taxes et impôts sur les produits (comme la TVA…) et sur la production (comme la contribution sociale de solidarité des entreprises…) est de 20 % ; il n’est pas compensé totalement par l’effet progressif des impôts sur le revenu et le patrimoine (-11 %). Les cotisations sociales augmentent légèrement les inégalités (+5 %).

La redistribution suivant les tranches d’âge : elle doit s’apprécier sur l’ensemble du cycle de la vie. Les grands gagnants sont les plus de 65 ans grâce à la retraite par répartition : 90 % d’entre eux voient leur niveau de vie s’améliorer après la redistribution retraites et le remboursement de frais de santé :

  • Les 30 % les plus aisés reçoivent 45 % des pensions de retraite.
  • Les transferts en nature (santé, éducation) décroissent avec le niveau de vie.
  • Les montants de remboursements de santé sont en direction des plus modestes, conséquence d’un état de santé plus dégradé que le reste de la population.
  • Les plus aidés sont : les familles les plus modestes, les familles avec enfants, les familles monoparentales et les moins diplômés.
  • Mais pas les ouvriers ni les employés, pour eux la redistribution est neutre.

43 % de contributeurs nets donnent plus que ce qu’ils reçoivent : ce sont les 40-60 ans au moins titulaires d’un bac + 3 n’ayant pas eu d’enfants ou peu. Chez les 50-59 ans, la proportion des contributeurs nets monte parfois jusqu’à 70 % pour ceux n’ayant plus d’enfants à charge, ni de problèmes de santé.

Les transferts réduisent les inégalités de revenus entre les habitants de l’agglomération parisienne et les autres unités urbaines. En moyenne, les résidents de l’aire urbaine de Paris sont les seuls contributeurs nets à la redistribution élargie.

  • Un bilan globalement neutre pour les autres métropoles de plus de 200 000 habitants, leurs habitants versent autant qu’ils reçoivent de transferts.
  • Les habitants des communes entre 20 000 habitants et 200 000 habitants sont bénéficiaires nets de la redistribution.
  • Les ménages des communes hors unités urbaines, des petites unités urbaines et des grandes métropoles sont en moyenne contributeurs nets à la redistribution élargie.
  • Les plus âgés sont en effet sous-représentés dans l’agglomération parisienne et dans une moindre mesure dans les grandes unités urbaines, au profit de zones moins denses et notamment des villes moyennes (de 20 000 à 200 000 habitants), qui bénéficient ainsi le plus de la redistribution élargie par le biais de la santé et des retraites.

Pour les ménages pauvres ou modestes, les profils avant et après transferts sont similaires entre les différentes tailles d’unités urbaines, en raison des prélèvements et des transferts reçus d’une ampleur comparable.


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