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Insertion des jeunes sans diplôme ni formation : il faut adapter le Contrat d’Engagement Jeune

mercredi 20 mars 2024

Dans un rapport remis le 28 février au Premier ministre, le Conseil d’orientation de la jeunesse (COJ) a procédé au suivi et à l’évaluation de la mise en œuvre du Contrat d’Engagement Jeune (CEJ). Dans ce 2ème rapport d’étape, le Conseil souligne le succès du dispositif destiné aux jeunes sans diplôme ni formation et ayant du mal à accéder à un emploi durable mais il insiste sur la nécessité de le faire évoluer pour qu’il respecte sa promesse de s’occuper des plus vulnérables.

Le CEJ a remplacé la garantie Jeunes

Créé il y a 20 mois, le CEJ vient de franchir le seuil du demi-million de bénéficiaires selon le rapport. Ce contrat d’insertion est réservé aux 16-25 ans (29 ans pour les handicapés) qui ne sont ni étudiants, ni possesseurs d’un diplôme, ni stagiaires de la formation professionnelle (NEET). Ils rencontrent en général des difficultés pour accéder à un emploi durable. Le contrat repose sur un renforcement de leur accompagnement et donne droit à une allocation de 530 euros maximum. Le taux d’abandon en 2023 a été relativement faible : 5 %.

En termes de données chiffrées, le Conseil annonce que 86 % des jeunes entrés en CEJ en mars 2022 ont accédé à un emploi dans les 18 mois qui ont suivi et que la part de ceux qui exercent un emploi « durable » (CDD de plus de six mois ou CDI) est de 60 %.

Un bilan qui appelle des modifications

L’état des lieux de la mise en œuvre du CEJ s’appuie sur les remontées de terrain des opérateurs comme Pôle emploi et les missions locales ainsi que des acteurs du dispositif (structures associatives, collectivités locales, etc.). Pour Antoine Dullin qui préside la commission Insertion du COJ et auteur du rapport, « le CEJ n’a pas encore tenu sa promesse de s’occuper des plus vulnérables ». Il évoque les jeunes en rupture et parfois difficiles à identifier. Ils ne sont que quelques milliers à être accompagnés.

Parmi les freins figure l’impossibilité de leur verser une aide tant que le dossier n’est pas complet, et le rapport met en avant la lourdeur de certaines démarches administratives qui peuvent être un frein à l’entrée dans le dispositif, comme l’obligation de fournir la déclaration d’impôt des parents.

Autre point mis en avant dans le rapport, la faiblesse de l’immersion en milieu professionnel et dans une entreprise, indispensable pour viser un emploi durable et une bonne insertion dans le marché du travail. Le rapport souligne que la mobilisation des entreprises et notamment des TPE et PME n’est pas au rendez-vous, en partie du fait d’un défaut d’information des employeurs.

Quatre axes pour avancer

La commission Insertion s’est penchée sur quatre axes qui conditionnent la réussite de cette nouvelle solution pour l’insertion des jeunes :

  • La mobilisation des entreprises tout en veillant à leur « sur-sollicitation » en articulant les initiatives des collectifs d’entreprises via le plan « 1 jeune, 1 solution » et en permettant aux conseillers du CEJ de disposer d’une liste d’employeurs répartis par offre de services (visites d’entreprises, découvertes métiers, accueils en immersion, etc.). Autres idées, des chartes d’engagement des entreprises avec l’identification de référents CEJ au sein des entreprises volontaires.
  • Les solutions structurantes comme la lutte contre le non-recours et la simplification administrative. Le rapport propose que, dans le cadre du futur Réseau pour l’emploi, soit mis en place un coffre-fort numérique pour centraliser les pièces administratives. Il conviendrait aussi d’adapter l’obligation des 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires pour chaque jeune, en veillant à ce que le cadre horaire prévu soit personnalisé, et en bonne adéquation avec la réalité des besoins du jeune concerné.
  • Les actions mises en œuvre dans le cadre de l’appel à projets « CEJ – volet jeunes en rupture » en concevant au niveau national un document d’information précisant les démarches et les projets menés dans ce cadre.
  • Les gouvernances territoriales en organisant annuellement, au niveau de chaque département, une journée de rencontres entre les deux opérateurs du CEJ (France Travail et les missions locales) et les porteurs de solutions structurantes pour favoriser les échanges de pratiques et l’interconnaissance...

En conclusion, si le COJ se félicite "de la progression intéressante depuis l’entrée en vigueur de cette nouvelle politique publique", il en appelle à l’exécutif pour tirer les conséquences de ce bilan et présenter rapidement une nouvelle feuille de route.
L’enjeu de l’insertion des jeunes sans emploi et sans formation (NEET) le mérite !


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