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Stages hors cursus universitaire

dimanche 17 octobre 2010

Beaucoup de formations ont maintenant intégré des stages dans leur cursus pédagogique, afin de permettre aux étudiants d’apprendre sur le terrain et également pour mieux les préparer au marché de l’emploi.

Un ou plusieurs stages sur un CV sont un plus dans une candidature.
Selon le Conseil économique, social et environnemental, il s’en effectue 1,5 million chaque année.

Mais plus le marché de l’emploi est difficile d’accès pour les jeunes, plus les dérives se multiplient : beaucoup d’entreprises se sont mises à proposer des stages hors cursus aux jeunes diplômés, qui en sont venus à les accepter, faute d’emploi, pour au moins compléter leur CV. Certaines grandes entreprises s’en sont donné à cœur joie, même de très grandes ayant en principe des relations sociales et des accords d’entreprise…

Or, en ces temps de crise, nombreux sont les jeunes qui cherchent en vain un emploi. Selon, l’APEC, à peine 2/3 des jeunes diplômés (64 %) de 2009 occupent un emploi 8 mois après, contre 77 % en 2007. Et d’autre part, les conditions d’embauche sont moins bonnes, avec de nombreuses déqualifications et seulement 47 % de CDI. Les jeunes font particulièrement les frais de la crise, même si l’APEC croit déceler une récente éclaircie !

Aussi les stages hors cursus se sont multipliés. La signature d’une Charte des stages en avril 2006 par les ministères, les organisations patronales et étudiantes ainsi que par les conférences de l’enseignement supérieur, même si elle instituait des règles : existence d’une convention, non remplacement d’un salarié, non emploi saisonnier ou lié à un surcroît d’activité d’entreprise – non contraignantes – et création d’un suivi statistique et qualitatif – non mis en œuvre -. Cela n’a pas fin aux abus. Aussi la loi du 24 novembre 2009 sur la formation prévoit-elle (article 30) que « ces stages sont intégrés à un cursus pédagogique, selon des modalités définies par décret ». On attendait donc le décret. Il est paru le 26 août, pour une application au 1er septembre.

Ce décret confirme la nécessité d’une convention tripartite (université, entreprise, étudiant) et définit les conditions d’intégration d’un stage dans une formation : définition d’un objectif pédagogique du stage dans la formation, restitution et évaluation en fin de stage.

Mais ce décret est très critiqué. D’une part, car il met les universités dans l’obligation de s’assurer de la cohérence du stage et de son intégration dans la formation suivie, minimum négligé jusque là par les professeurs, ce qui donne lieu à des interprétations différentes, parfois jusqu’au gel des conventions, mais met fin aux inscriptions fantômes en université dans le seul but de décrocher une convention : la rigueur qui leur est demandée gêne les dérives.

Mais surtout, la crainte d’emplois non rémunérés persiste – car ils ne donneront lieu qu’à une « gratification » (30 % du SMIC) obligatoire au bout de 2 mois de stage en prévoyant 3 exceptions possibles à l’interdiction des stages hors cursus :

  • dans le cadre d’une réorientation,
  • d’une formation complémentaire dans un projet d’insertion professionnelle
  • ou pour une « période pendant laquelle l’étudiant suspend temporairement sa présence pour exercer d’autres activités… ».

C’est vague ! Et cela peut permettre beaucoup d’interprétations…

Les craintes d’emplois à bas prix et l’incertitude sur l’interprétation de ces exceptions sont telles que la communication gouvernementale cafouille, se contredit… Le ministère de l’Enseignement supérieur a dû annoncer la préparation d’une circulaire afin de préciser le texte, qui donne lieu à des "interprétations erronées".

À surveiller de très près dans les jours prochains et dans les entreprises, en particulier avec les DP et CE.