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Soutenir les aidants en situation d’activité professionnelle

samedi 15 octobre 2016

Alors que le nombre d’aidants est en augmentation, les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure des changements à venir. En témoignent la loi d’adaptation de la société au vieillissement et la loi travail. En parallèle, l’association France-Alzheimer a élaboré un livre blanc remis à la ministre de la santé en septembre. Il repose sur une enquête nationale auprès de 1500 personnes concernées.

Le constat
Selon Malakoff Médéric, en France, 14% des salariés s’occuperaient au quotidien d’un proche âgé (c’est à-dire au-delà de l’âge de 60 ans). Un taux qui dépasserait les 20% chez les actifs de plus de 40 ans. Et la tendance devrait encore s’accentuer puisque nous sommes actuellement dans une configuration sociale et démographique inédite. Quatre facteurs se conjuguent : le vieillissement de la population française et l’expansion des pathologies chroniques, d’une part, l’entrée plus tardive dans le monde du travail couplée à l’allongement de la durée du travail, d’autre part.

Des rôles difficiles à concilier
Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure des changements à venir et la thématique émerge de plus en plus. Plusieurs dispositions de la loi d’adaptation de la société au vieillissement » [1] et de la loi Travail [2] visent à reconnaitre, valoriser et encourager les aidants familiaux, notamment ceux qui exercent encore une activité professionnelle.
En effet, les aidants sont devenus ces dernières années l’un des piliers indispensables des politiques mises en place en la matière, dans la mesure où celles-ci tendent de plus en plus à privilégier la prise en soin et l’accompagnement à domicile. Une solution qui repose sur l’hypothèse d’une aide informelle toujours plus disponible...
Une situation qui n’est pas sans conséquences tant pour les aidants actifs (perte de revenus, rupture de l’évolution de carrière, moindre implication professionnelle, surmenage, dégradation de l’état de santé physique et psychologique…) que pour les entreprises (organisation des services, manque à gagner en raison de l’absentéisme fréquent, perte de productivité…).
Faute de connaissances sur ce qu’implique le rôle d’ « aidant » pour une personne encore en activité, les entreprises éprouvent une véritable difficulté à délimiter un périmètre d’actions adaptées à la réalité des besoins des aidants. Les dispositifs existants sont donc bien souvent sous-sollicités car non connus et non adaptés. Par exemple, s’il existe aujourd’hui des congés, dits de « solidarité familiale » et de « soutien familial », ces derniers sont peu ou pas rémunérés, peu connus et peu flexibles. Là où les aidants familiaux salariés ont besoin de flexibilité au quotidien et sur un temps long, les dispositifs en place favorisent, au contraire, des absences ponctuelles.
D’un autre côté le secteur associatif et le secteur médico-social doivent également se poser la question de l’adaptation de leurs dispositifs à la situation des aidants actifs et penser des services et des soutiens accessibles hors les horaires de travail et développer les supports en ligne.

La démarche d’un Livre blanc
Cette année, France Alzheimer et maladies apparentées, à l’occasion de la journée mondiale Alzheimer, a souhaité apporter son soutien à ces aidants actifs. L’association a jugé son engagement sur la thématique indispensable au regard de sa capacité d’influence et de contribution au débat public.
En collaboration avec l’institut d’études Opinion Way, et avec le soutien d’Humanis, l’association a réalisé au 1er semestre 2016 une étude nationale auprès des aidants familiaux en activité professionnelle [3]qui accompagnent un proche atteint de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. L’objectif était de mettre en lumière les difficultés de conciliation de ces rôles et d’identifier les différents besoins des aidants. Elle a permis de recueillir les témoignages de 1 484 répondants, dont 1 354 aidants actifs et 130 en recherche d’emploi. C’est notamment à partir de leurs réponses et des contributions de personnalités issues de différents horizons qu’a été élaboré le Livre blanc : « Plaidoyer pour les aidants en activité professionnelle » [4] présenté à la ministre de la santé et au public le 21 septembre dernier.
L’Association formule 13 propositions qui, loin de constituer un plan d’action unique, ont davantage vocation à poser les premières bases d’une discussion collective. à mobiliser l’ensemble des parties prenantes à réfléchir collectivement afin de trouver des réponses efficaces aux besoins des aidants en activité professionnelle.

Pour France Alzheimer, face à la diversité des situations, il est aujourd’hui indispensable de faire preuve d’imagination et de souplesse pour trouver des réponses globales et innovantes aux besoins des aidants et ainsi leur permettre de mieux concilier vie privée et activité professionnelle.


Notes :

[1« La reconnaissance et le soutien aux proches aidants à travers le « droit au répit » : http://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/dossiers/les-nouvelles-mesures-de-la-loi

[2mesures pour les aidants dans la loi Travail : http://www.clesdusocial.com/loi-travail-handicap-inaptitude-et-emploi