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Sondages après les manifestations sur les retraites

jeudi 17 mars 2011

La comparaison des enquêtes Opinion Way pour le CEVIPOF de décembre 2009 et décembre 2010 pour son baromètre de la confiance politique permet de mieux apprécier, avec un peu de recul, si les syndicats ont tiré profit dans l’opinion de leur bataille sur la réforme des retraites.

La question posée portait sur la confiance testée pour une liste d’institutions. Les syndicats arrivent en cinquième rang : après les hôpitaux, la police, les grandes entreprises publiques, les grandes entreprises privées, avant les banques, les medias et les partis. Implicitement l’interrogation invite à une comparaison. Elle relativise donc le rapport au syndicalisme, ce qui explique les différences notables avec les réponses des salariés obtenues à l’enquête Dialogues

Avez-vous confiance dans les syndicats ? demande-t-on aux Français qu’ils soient actifs ou inactifs.

décembre 2009 décembre 2010Différence en + ou -
Très confiance 3 3 =
Plutôt confiance 33 30 -3
Plutôt pas confiance 40 35 -5
Pas du tout confiance 21 26 +5
Ne sait pas 3 6 +3

La confiance dans les syndicats demeure minoritaire : à peine un tiers des interrogés seulement, avec une légère érosion (- 3 %) face à 61 % de non-confiance, chiffre stable, même si la proportion de ceux qui n’ont « pas du tout confiance » augmente (+ 5 %). Dans l’opinion, l’image du syndicalisme n’apparaît pas vraiment meilleure au sortir de l’année 2010. Dont acte, ce qui invite à relativiser l’ampleur et la solidité de sa solidarité à l’égard des actions collectives à propos de la réforme des retraites.

Sur ce dernier aspect, une autre enquête (celle de L’observatoire social de l’Entreprise -Ipsos, CESI, Le Figaro,BFM-, conduite en novembre-décembre 2010, à partir d’un double échantillon : 1000 salariés du privé et 409 chefs d’entreprise en novembre-décembre 2010), donne des informations intéressantes sur les entreprises de plus de 11 salariés : 9 % seulement des chefs d’entreprises constatent qu’il y a eu des actions particulières de la part des représentants du personnel dont on peut penser qu’il s’agit d’arrêts de travail ou de motions déposées. Par contre 33 % des salariés ont perçu des interventions. Cet écart s’explique par les appels aux manifestations hors de l’entreprise, qui ne sont pas nécessairement connus des chefs d’entreprises.

Taille de l’entreprise Action des représentants sur les retraites perçues par les salariésAction des représentants sur les retraites perçues par les chefs d’entreprise
11 à 49 salariés (4 700 000) 16 % 6 %
100 à 249 salariés (2 800 000) 29 % 26 %
500 salariés et plus (1 750 000) 47 % 54 %
Toutes entreprises 33 % 9 %

La déclinaison selon des types de taille d’entreprise confirme les faiblesses de l’implantation syndicale même dans les entreprises privées là où il y a le plus de salariés. Elle signale les difficultés du mouvement syndical à mobiliser par l’intermédiaire des représentants du personnel. Pire, à écouter chefs d’entreprise et salariés, une grande entreprise sur deux et trois quarts des PME n’auraient pas eu de tentative de mobilisation interne, impliquant les représentants du personnel. Défaillance de leur part ? Hésitations sur le fond ? Absence de conviction sur une modalité d’action externe à l’entreprise ? Tendance à s’en remettre aux médias ? Autant de sujets de réflexion, mais le plus probable est une mobilisation surtout militante.