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Regard sur les fonctions publiques d’Europe

mercredi 14 novembre 2007

Une étude donne un aperçu des changements dans les fonctions publiques des pays européens.. ...

Les soubresauts sociaux de ces jours interrogent. Quelle est la part justifiée, quelle est la part de conservatisme dans ces réactions de bénéficiaires de régimes spéciaux de retraites, de fonctionnaires et d’étudiants ?

La lecture d’une étude publiée par la Fondation de Dublin sur les relations professionnelles dans le secteur public des pays européens offre une occasion de méditation sur notre exception européenne.
Que nous dit cette étude ?
( http://www.eurofound.europa.eu/eiro/studies/tn0611028s/tn0611028s.htm )

Dans les pays européens, les agents de l’Etat ont bénéficié de relations sociales et de conditions d’emploi particulières. L’Etat, représentant l’intérêt général, représentait donc les intérêts de ses salariés. Il n’y avait donc pas lieu à négociation et encore moins à grève. En compensation de cette double privation, l’Etat a fait bénéficié ses agents d’un statut spécial, avec outre la sécurité de l’emploi, des conditions sociales meilleures que celles du secteur privé, retraites, promotions, recrutement…Ce donnant-donnant est commun à toute l’Europe.

A partir du milieu des années 70, la coupure privé / public est mise en question comme le donnant-donnant. L’augmentation du nombre des agents de l’Etat, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé entraîne des coûts budgétaires importants et soulève aussi des difficultés de gestion de cette abondante main d’œuvre.

Dans certains pays, un droit à la négociation va alors être accordé aux secteurs publics tels que ceux de la santé ou l’éducation ou les employés des collectivités territoriales en parallèle de l’introduction de changements dans les conditions d’emploi.

Un peu plus tard, la fonction publique d’Etat subit une double pression. Celle des contraintes de l’UEM qui limite la pression fiscale, force à la modération salariale pour restreindre l’inflation et les déficits publics. Celle d’une demande des usagers de services plus différenciés, plus adaptés aux évolutions de la société, demande qui met en cause le taylorisme bureaucratique de l’appareil d’Etat.

Se lève alors dans la plupart des pays un vent de réformes des administrations publiques. Des restructurations décentralisent et divisent les grandes administrations en plus petites unités confiées à des directions munies de davantage de pouvoirs. Les frontières avec le secteur privé sont rendues moins étanches pour toute une série de services.

Et surtout la gestion sociale des agents de l’Etat est profondément modifiée. Leurs salaires sont rapprochés de ceux du secteur privé ainsi que différentes normes sociales, retraites, promotion, recrutement. En contre partie, on généralise la négociation collective et on la décentralise.

Ces réformes vont naturellement rencontrer des résistances…mais elles sont adoptées, même si un certain nombre de changements ne s’appliquent qu’aux nouveaux entrants et sont étalés dans le temps.

A ces réformes, s’ajoute la privatisation de nombre d’entreprises d’Etat : télécommunications, poste, chemins de fer, transports aériens, etc.

On mesure l’évolution beaucoup plus prudente de notre pays. Des changements, notamment en termes de décentralisation ont été introduits. Mais le chemin qui reste à franchir pour rejoindre la majorité des autres pays demeure long. Certains pensent que ce particularisme est positif et qu’il est le symbole de la lutte contre la mondialisation. Incidemment, une phrase de l’étude : « La France est le pays d’Europe dont la négociation salariale de la fonction publique est la plus centralisée ».
L’étude n’ajoute pas : « et dont le nombre de jours de grève des agents de l’Etat est le plus élevé ».
On a deux façons d’interpréter cette statistique. La grève montre la qualité des syndicats et la mobilisation potentielle des masses. Ou bien, la grève illustre la mauvaise qualité de la gestion sociale. Au choix, selon les tempéraments de chacun.


 

 

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