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Panorama de l’enseignement supérieur

samedi 29 octobre 2016

La rentrée universitaire connaît à nouveau cette année un essor du nombre d’étudiants.

Les chiffres de la rentrée 2016 : une rentrée chargée

Nombre d’étudiants (prévision) : 2 596 800. Jeunes femmes : 55 %.
Évolution : +45 600 étudiants (+1,8 %) / 2015
Et : +2,4 % nouveaux inscrits en 1ère année.

Nombre d’étudiants dans les universités : 1 668 100, soit 64 % des étudiants

  • Dont :
    117 800 en IUT
    1 550 300 dans les autres filières universitaires (+32 400, soit +2,1 %)
    330 000 étudiants en master
    75 000 doctorants dont 40 % de doctorants étrangers et 14 500 docteurs diplômés par an.

Les étudiants hors l’université :

  • 88 300 en classes préparatoires
  • 268 000 en BTS
  • 572 400 dans les autres établissements publics (78,9 % des dépenses) et privés (21,1 %), dont les écoles.

Enseignants : 110 000.

Budget 2017 pour l’enseignement supérieur et la recherche : 23,85 Mds € (+0,850 Mds €),
Soit une dépense de 15 820 US D (14 103 €) par étudiant en France, un peu plus que la moyenne des pays de l’OCDE (15 200 US D), mais très inégalement répartie entre étudiants des universités et des écoles.

Les difficultés de l’enseignement supérieur français à cette rentrée

- Des difficultés d’accueil : héritage et causes démographiques

Le nombre d’étudiants de l’enseignement supérieur français a été multiplié par 8 en 50 ans. On retrouve ces difficultés tant dans l’accueil des nouveaux étudiants dans le cursus qu’ils souhaitent, par manque de places que dans les m2 disponibles pour les cours, accentuée par l’augmentation de leur nombre. On s’entasse de plus en plus dans les amphis !

Aussi le système d’orientation pêche-t-il, avec une inégalité des chances de se former dans les études qu’on souhaite. Un étudiant sur 4 n’est pas admis dans son premier choix.

De plus, le nombre d’enseignants ne croit pas à la même vitesse que celui des étudiants : si 1 000 postes ont été créés depuis 2012, les universités ne les ont pas forcément ouverts en raison de la forte tension de leur budget.

- Des étudiants d’horizons de plus en plus divers

Le recrutement étudiant provient de jeunes au parcours et aux milieux variés. Plus d’1/3 sont aidés par des bourses. Près d’1 étudiant sur 2 travaille pendant ses études (jobs salariés et stages en cours d’année universitaire), dont 1 étudiant sur 5 pour un emploi au moins à mi-temps, avec un risque plus grand de décrochage malgré une forte motivation pour leurs études.

Ils proviennent aussi de baccalauréats de plus en plus différents, avec une forte augmentation de la demande d’enseignement supérieur des bacheliers professionnels dont 2/3 accèdent à une STS, mais dont 28 % se retrouvent en université sans y être préparés par leur bac.

Il y a donc en université de nombreux abandons, réorientations, parfois suivis d’une reprise d’études (près d’1/3 des non diplômés et 16 % des diplômés reprennent des études dans les 3 ans).

- Une forte augmentation des attentes de professionnalisation

Si traditionnellement les cursus professionnalisants se trouvaient dans les écoles d’ingénieurs et de commerce et management, ce type d’attentes est maintenant fort vis-à-vis de l’université. Les cursus professionnalisants universitaires se sont multipliés (licences et masters professionnels surtout), assortis d’un développement de l’alternance, y compris l’apprentissage. Ils sont sélectifs, en fonction des places ouvertes et en lien avec les possibilités d’emplois dans la spécialité.

Le positionnement de l’enseignement supérieur français dans l’Ocde

Les indicateurs de l’OCDE permettent d’analyser les performances des systèmes d’éducation dans les 35 pays membres, ainsi que dans un certain nombre de pays partenaires.

 En 2015 en France, 45 % de sa population (25-34 ans) est diplômée du supérieur, pour respectivement 42 % dans l’Ocde et 40 % dans les pays européens.

Dont :

  • Une proportion de titulaires d’un diplôme de cycle court beaucoup plus élevée en France (15 % pour les 25-64 ans) que dans l’OCDE (8 %).
  • Un taux de réussite en licence comparable à celui de la moyenne OCDE : 43 % sont titulaires d’un diplôme de licence ou équivalent 3 ans plus tard (durée théorique du programme), chiffre légèrement supérieur à la moyenne des pays qui ont participé à l’enquête de l’OCDE (41 %). Parmi ceux qui sont entrés en licence, 8 % ont changé de parcours et ont été diplômés d’un bac + 2.
  • Une proportion de titulaires d’un doctorat au niveau de la moyenne de l’OCDE et de l’UE-22 (membres à la fois de l’UE et de l’Ocde) pour les 25-64 ans et les 25-34 ans.
  • Une formation tout au long de la vie en retard pour les diplômés du supérieur : 51 % des 25-64 ans ont participé à des actions de formation continue, contre 62 % dans l’Ocde.

- Une attractivité importante, sans être une politique organisée, ni aux premières places (par rapport au Royaume-Uni notamment). En France, en 2016, un étudiant sur huit est de nationalité étrangère, presque deux fois plus qu’en 2000, d’origines plus diversifiées. Beaucoup viennent d’Afrique (42 %), mais de plus en plus d’étudiants asiatiques viennent étudier en France, aussi nombreux que les Européens (24 % dans chaque cas). Les trois quarts d’entre eux vont dans les universités, contre 60 % des étudiants français. Les écoles de commerce attirent de plus en plus d’étudiants étrangers (16 %), pas les classes préparatoires qui n’en accueillent que 3 %. L’enseignement supérieur s’exporte aussi avec 140 implantations à l’étranger, 600 programmes proposés, 138 à distance, 37 000 étudiants inscrits (31 151 sur place, 5 668 à distance). Mais, selon la Cour des comptes, ce réseau est déséquilibré géographiquement et encore fragile.

Les principaux acteurs français Étudiants à l’étranger Étudiants étrangers inscrits en France
Universités 10 000 218 000
Écoles d’ingénieurs 7 000 19 000
Écoles de commerce 3 000 20 000

- De fortes inégalités persistantes
Un exemple : un écart de plus de 10 points dans le taux de réussite en licence entre étudiants ayant au moins un parent diplômé de l’enseignement supérieur et ceux dont les parents n’ont pas de bac ou équivalent.

L’Ocde insiste elle-même sur le caractère particulièrement inégalitaire de l’accès à l’enseignement supérieur en France, en fonction des milieux sociaux et culturels : « un individu est 4,5 fois plus susceptible de suivre des études supérieures si l’un de ses parents est diplômé de l’enseignement supérieur que si ses deux parents ont un niveau de formation inférieur au deuxième cycle du secondaire ». Et « le milieu socio-économique est la variable ayant la plus forte incidence sur le décrochage des étudiants, prédominant sur tous les autres facteurs tels que l’origine ethnique et le sexe ».

Pour cette organisation internationale, ces inégalités sont en fait le résultat « d’une accumulation d’inégalités durant les étapes antérieures de la scolarité, depuis la petite enfance jusqu’à l’enseignement secondaire ». Et selon le milieu social et culturel, les études poursuivies ne sont pas de même nature : les écoles Normale Sup sont celles qui ont le recrutement de jeunes dont les parents sont les plus diplômés, alors que les STS et les écoles paramédicales et sociales comptent un plus fort pourcentage d’enfants d’ouvriers et employés, 15 à 20 % pour chaque catégorie dans chacune de ces formations. La vraie gageure pour l’enseignement supérieur français !


Sources

  • France Stratégie : l’enseignement supérieur français par-delà les frontières : l’urgence d’une stratégie - 26 septembre 2016