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Mobilités interrégionales de jeunes diplômés du supérieur : qui forme pour qui ?

samedi 17 septembre 2016

Le CEREQ attire notre attention sur les mobilités interrégionales des jeunes diplômés du supérieur. Cette étude révèle des schémas de circulation différents selon le niveau de sortie. Pour les diplômés du supérieur long, l’Île-de-France occupe une place centrale en conservant la grande majorité des jeunes qu’elle forme et en attirant aussi de nombreux jeunes formés ailleurs. Il n’en va pas de même pour les diplômés du supérieur court technologique et professionnel, pour lesquels les migrations sont moins fréquentes et moins polarisées.

Les jeunes qualifiés, un enjeu important pour le développement économique régional
L’enquête « Génération » permet de repérer la région de résidence des jeunes au moment du baccalauréat, celle du dernier établissement de formation fréquenté et la région de résidence trois ans après la fin des études. L’étude concerne les 21 régions (avant la réforme, la Corse est exclue).

Des situations différentes selon les régions
Certaines régions se révèlent doublement attractives, par leur offre de formation supérieure et par leur capacité à insérer des jeunes diplômés dans leur économie. À l’opposé, d’autres régions apparaissent comme doublement déficitaires perdant à la fois des bacheliers qui poursuivent leurs études ailleurs et des diplômés après la fin de leur formation supérieure. Entre ces deux extrêmes, les migrations amènent diverses régions à se situer uniquement comme attractives pour la formation ou pour l’insertion.

Deux grands secteurs de l’enseignement supérieur sont distingués

  • Celui de l’enseignement supérieur long recouvre les masters universitaires, les doctorats, les écoles d’ingénieurs et de commerce. Il comporte une offre spatialement très concentrée et génère de nombreuses mobilités à la fois en amont (49 % des sortants de ce segment ont obtenu leur baccalauréat dans une autre région) et en aval (44 % des diplômés résident dans une autre région trois ans après la fin d’études, sans tenir compte des jeunes partis à l’étranger).
    Au cœur des migrations du supérieur long, l’Île-de-France est la seule région à être doublement attractive. Elle attire des jeunes à la fois en cours d’études et en phase d’insertion : 41 % des jeunes diplômés du supérieur long qui ne résident plus dans la région de formation trois ans après la fin des études ont changé pour l’Île-de-France. 37 % des cadres et professions intellectuelles supérieures de France métropolitaine se trouvent dans cette région, d’après le recensement de la population 2012 de l’Insee.
  • Celui de l’enseignement supérieur court technologique et professionnel. Il agrège des formations de niveau bac+2 (BTS, DUT) ou bac+3, formations de la santé ou du social et licence professionnelle (dans laquelle de plus en plus de diplômés de BTS ou DUT prolongent leurs études). Il comprend une offre de formation plus diffuse sur le territoire générant nettement moins de mobilités en amont (25 %) et en aval (27 %).

La forte polarisation par l’Île de France des migrations des plus diplômés ne se retrouve pas pour ceux de l’enseignement supérieur court technologique et professionnel.

Quelques régions enregistrent aussi des soldes positifs concernant les migrations de diplômés du supérieur long en début de vie active : Picardie (+40 %), Champagne-Ardenne (+36 %), Franche-Comté (+42 %) et Centre (+10 %).

  • Ces dernières sont cependant « uniquement attractives pour l’insertion ». Toutes perdent des jeunes en cours d’études, lesquels préfèrent intégrer les établissements d’Île-de-France, du Nord-Pas-de-Calais ou encore de Rhône-Alpes qui proposent une offre de formation plus diversifiée et parfois mieux cotée. La formation achevée, une part importante d’entre eux retourne dans la région d’obtention du baccalauréat. (70 % pour la Franche-Comté). Mais c’est parfois la proximité de l’Île de France qui est un facteur d’attractivité. Leur intérêt est de bénéficier du marché francilien sans subir la pression foncière de la région, ces déplacements étant facilités par un réseau de transports très développé.
  • En grande majorité, les régions voient partir plus de jeunes diplômés du supérieur long qu’elles n’en voient arriver. Le Nord-Pas-de-Calais et l’Auvergne connaissent une perte d’effectifs de 31% au cours des trois ans suivant la fin des études. L’Auvergne, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Basse-Normandie sont « doublement déficitaires », à savoir qu’elles perdent à la fois des bacheliers allant jusqu’au supérieur long et des jeunes diplômés sortants.
  • En revanche, certaines régions se révèlent « uniquement attractives pour la formation ». Elles captent des jeunes en cours d’études, grâce au rayonnement de leur appareil de formation du supérieur long ; Nord-Pas-de Calais, Midi-Pyrénées, mais aussi l’Alsace, Paca, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon sont dans ce cas. Ces territoires de formation redistribuent ensuite une large part des effectifs formés vers d’autres régions, au premier rang desquelles l’Île-de-France.

Au niveau du supérieur court, les flux sont moins polarisés et plus équilibrés
Les changements de région sont moins fréquents pour les sortants du supérieur court technologique et professionnel, et les soldes migratoires de plus faible ampleur : en phase d’insertion, les variations s’échelonnent de -17 % (Languedoc-Roussillon) à +18 % (Rhône-Alpes). Ces mouvements sont également moins polarisés et moins lointains et il n’y a plus de prépondérance francilienne. La première destination des migrants est presque toujours une région limitrophe.

  • Au niveau du supérieur court, aucune région n’est « doublement attractive ». Ainsi, le Limousin, la Lorraine, le Languedoc-Roussillon, l’Île de France, la Franche-Comté, le Nord-Pas-de-Calais et les Pays-de-la-Loire attirent des jeunes en cours d’études mais, souvent par manque d’attractivité, sont déficitaires au cours des trois ans suivant la sortie de formation initiale.

La plupart des régions se positionnent comme « uniquement attractives pour l’insertion ».
Deux profils se dégagent :

  • Basse et Haute-Normandie, Champagne-Ardenne et Bretagne perdent entre -18 et -*25 % de jeunes en cours d’études mais les voient revenir en phase d’insertion. Ces anciens bacheliers représentent plus de la moitié des arrivées (jusqu’à 77 % pour la Bretagne).
  • Rhône-Alpes, Alsace, Paca n’ont que des variations d’effectifs faiblement négatives voire proches de l’équilibre en cours d’études. Ces régions qui abritent de grandes métropoles de province, restent dynamiques sur le front de l’emploi malgré la conjoncture.

La Picardie, l’Auvergne et la Bourgogne, sont « doublement déficitaires » au niveau du
supérieur court. Les soldes migratoires sont de faible ampleur en Picardie, alors que les deux autres perdent jusqu’à 15 % de leurs jeunes en cours d’études et 16 % en phase d’insertion. L’Auvergne et la Bourgogne se trouvent d’ailleurs dans une situation de double déficit à la fois pour le supérieur court et pour le supérieur long. L’appareil de formation du Supérieur de ces régions ne se révèle pas assez attractif pour compenser les nombreux départs qui s’opèrent après le bac.

Quelle politique pour les nouvelles régions ? Les Schémas régionaux de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI), voulus par la loi de juillet 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche (dite loi Fioraso) vont être réajustés ; regroupements universitaires, création de COMmunautés d’Universités et Établissements (COMUE). Le rayonnement de ces établissements, devient l’une des priorités de ces nouvelles régions.


Références :
Le rapport complet de l’étude de Mélanie Vignable (BREF 347, juin 2016) est consultable sur le site du Céreq : Mobilités interrégionales de jeunes diplômés. Analyse par niveau de sortie, - Net.Doc n° 160.
http://www.cereq.fr/publications/Bref/Mobilites-interregionales-de-jeunes-diplomes-du-superieur-qui-forme-pour-qui