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Les successions syndicales

jeudi 21 juin 2012

La succession de Bernard Thibault au poste de Secrétaire général de la CGT provoque une crise dans une confédération où jusqu’alors les remplacements à ce poste s’étaient déroulés en douceur.

Il est vrai que d’autres confédérations ont aussi connu des successions difficiles ou disputées. On se rappellera l’affrontement Blondel-Pitous, l’épisode Kaspar-Notat, les candidatures concurrentes de Villebenoit et de Cumunel et les anicroches dans la CFTC. Les causes de ces disputes peuvent découler d’origines diverses : stratégies différentes, qualités managériales, affrontements d’ego ou désaccords entre organisations internes. Mais si certaines successions provoquent des crises, il existe aussi des passages de témoin sans heurt et ces derniers sont tout de même les plus nombreux.

Le choix du ou de la successeur(e) répond à différentes exigences.

  1. La première est de construire une stratégie d’action. Certes, elle est une œuvre collective, mais le secrétaire général en est le principal inspirateur et le principal acteur dans le choix des alliances et de la politique revendicative. Ouverture ou autosuffisance, affrontement ou confrontation, contestation ou négociation, loi ou accord, Europe ou France, etc., autant d’options possibles.
  2. La seconde est de savoir « gouverner sa maison ». Faire adhérer à la stratégie, expliquer, écouter, mais aussi gérer une organisation complexe de professions diverses, arbitrer, passer des compromis, impulser les politiques de formation, d’organisation, etc. Car une confédération est composée de fédérations professionnelles, d’organisations départementales et régionales, et de nombreux syndicats qui ont tous leur marge d’autonomie et leurs caractéristiques propres. Gestion solitaire ou gestion partagée, fédéralisme ou centralisme, coordination ou autonomie des fédérations, etc., là encore il y a matière à différences.
  3. La troisième exigence est d’incarner cette stratégie tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’organisation. Maîtriser les relations avec le pouvoir politique, avec les autres confédérations, avec les organisations patronales, dompter la pression médiatique, garder le cap face à une actualité sans cesse en mouvement. Charisme ou effacement, initiative ou attentisme, langue de bois ou clarté de l’expression ?

On le voit le poste de Secrétaire général est exigeant.

D’autant plus que les militants en attendent beaucoup. Quelles sont les caractéristiques qui font problème dans le choix des candidats au sein de la CGT ? Est-ce la stratégie ou bien les qualités managériales ? Les idées ou les personnalités Jusqu’alors il n’y avait eu qu’un candidat, objet d’un consensus. Les débats actuels montrent des choix différents entre responsables pour le poste de Secrétaire général Et souvent dans les organisations, les divisions sur les personnes masquent ou révèlent des différences dans les perspectives et les manières d’agir, tant en interne qu’en externe.

La difficulté pour l’extérieur est de comprendre la nature des divergences Or, même si le choix du secrétaire général dans une confédération syndicale ne relève pas de processus référendaire, mais bien des instances représentatives des organisations fédérales, la ratification du choix par le congrès suppose davantage de clarté pour que les délégués des syndicats puissent se prononcer sereinement.