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Les pays émergents et la RSE : nouvelles frontières de l’entreprise durable

samedi 22 octobre 2016

Dans un rapport récent, BSR, leader mondial de la responsabilité sociale, sociétale et environnementale des entreprises (RSE), s’intéresse aux nouveaux contours de la RSE mis en œuvre par 3 pays émergents, la Chine, l’Inde et le Brésil. Ces 3 pays redessinent les équilibres économiques mondiaux et sont d’une grande importance pour les échanges économiques de la France. De plus, on l’a vu lors de la COP 21, rien ne peut aboutir en termes de développement durable s’ils ne se mobilisent pas.

La RSE : un concept occidental

L’étude part du postulat qu’au cours des 20 dernières années, ce sont principalement les populations et les institutions occidentales qui ont défini la notion d’entreprise durable. Mais, dans le contexte actuel de mondialisation de l’économie, ces définitions se confrontent aux marchés émergents. Ceux-ci, à leur tour, se heurtent aux questions économiques, environnementales et sociales et recherchent des solutions qui façonneront notre monde à long terme. Ces pays traitent cette question de manière différente en fonction de leur culture politique et de leur économie. Leur approche peut enrichir nos solutions françaises et européennes et par ailleurs sur certains points notre avenir est commun comme par exemple la place future de l’Amazonie.

Trois questions clés ont guidé l’enquête

Au cours de la recherche, trois questions clés ont été débattues, en présence de leaders d’opinions dans les domaines des affaires, du gouvernement et de la société civile :

  • Comment l’entreprise durable est-elle définie sur les marchés émergents ?
  • Qui façonne les discours et les actions dans ces pays ?
  • Quelle est la trajectoire empruntée par l’entreprise durable ?

La Chine : de la gestion des risques environnementaux à la saisie d’opportunités

Qui évoque la Chine pense à sa rapide croissance et aux impacts environnementaux qu’elle génère. Il n’est donc pas étonnant que la porte d’entrée et l’actuelle montée en puissance de la RSE prenne le chemin de la réduction de ces impacts environnementaux. En témoignent pour les auteurs les réglementations concernant le développement durable. Les opinions publiques sont dominées par le discours et les actions portant sur l’efficacité énergétique, la pollution atmosphérique et la pollution de l’eau. On se souvient des cas d’empoisonnement de lait maternel qui ont mobilisé les parents ou de la situation très inconfortable vécue par les Pékinois. Le gouvernement chinois comprend clairement que, si rien n’est fait pour l’endiguer, la dégradation de l’environnement va menacer l’équilibre délicat de la société chinoise.
Ainsi, la RSE chinoise est caractérisée par le rôle important joué par l’État. Celui-ci intervient notamment dans la définition des programmes des entreprises publiques et des entreprises étrangères. En parallèle, la société civile indépendante est encore, et au mieux, balbutiante, en raison de nombreux obstacles administratifs et des coûts de création très élevés.
En corollaire de cet accent mis sur les problématiques environnementales, les politiques RSE de la Chine sont passées à la saisie des opportunités, avec une filière des technologies propres soutenue par les investissements de l’État, des fonds privés et des investisseurs institutionnels.

L’Inde : une approche localisée de la RSE

L’Inde comme tous les pays est marquée par son histoire politique et sociale. Il n’est donc pas étonnant que les problématiques sociales, telles la pauvreté et la justice, façonnent l’entreprise durable. Ce qui est aussi frappant dans ce pays c’est l’importance du niveau local, reflet d’un pays divers et fédéral. Le déficit d’infrastructures de santé et d’éducation continue également de se faire ressentir profondément dans les États indiens les plus défavorisés, et la population indienne attend des entreprises qu’elles contribuent à combler ces fossés.
Le rapport se veut très lucide sur la place et la force de la société civile en théorie très concernée par les problèmes sociaux. Mais les auteurs préfèrent soulever la fragmentation de cette société et les manques de coordination et de ressources, en particulier associatives.
Les observateurs balancent entre l’enthousiasme pour toutes les opportunités possibles et la critique d’un chaos qui se poursuit.

Le Brésil : à la recherche des justes équilibres

Pour les auteurs, par rapport à l’Inde et à la Chine, le Brésil semblait être le pays le plus équilibré en matière d’orientations durables, bien qu’il reste impératif de traiter les problématiques sociales, sans oublier les incertitudes de la période politique actuelle. Ils soulignent l’importance de l’Amazonie pour le développement futur du pays mais aussi le rôle de cette région dans le changement climatique, l’importance de protéger ses ressources naturelles, et la question des codes fonciers dans la région, qui oriente les programmes. Nous sommes là dans une dimension à la fois nationale mais aussi internationale. La société civile est très active et est de plus en plus à l’écoute des opinions des ONGs internationales qui agissent pour une gouvernance efficace de l’Amazonie.
En parallèle, l’entreprise est considérée comme la filière productive et pragmatique dans ses relations avec la société civile, le gouvernement et les partenaires internationaux. En témoigne la transparence en matière de performance qui est un phénomène montant. Par contre, le gouvernement fédéral est critiqué pour son manque d’efficacité et le scepticisme accompagne les programmes pilotés par les régions.


Sources