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Les obstacles à l’insertion économique des jeunes issus de l’immigration

mercredi 29 avril 2015

L’analyse de France-Stratégie
Le mois de janvier 2015 a vu l’ensemble des Français s’interroger sur les fractures qui traversent notre société. Un mouvement très majoritaire existe pour trouver des solutions et mettre en place un certain nombre de mesures pour combattre et dépasser ces fractures. Là comme ailleurs, il est utile de partir d’une analyse qui démêle les difficultés d’insertion qui touchent en particulier les jeunes issus de l’immigration.

Les difficultés se cumulent et touchent certaines catégories de population plus que d’autres

  • Les travaux du Commissariat Général à la stratégie et à la prospective (France-Stratégie) et sa note d’analyse du 1er mars 2015 ont identifié des difficultés en matière d’éducation, d’emploi, de conditions de vie et de logement. Elles sont particulièrement marquées pour certaines catégories de population, dont les enfants ayant deux parents immigrés, les descendants d’immigrés d’Afrique, les garçons. Ces difficultés reflètent d’abord la situation socioéconomique de ces jeunes et de leurs parents, exposés aux défaillances de nos politiques publiques identifiées par France Stratégie : obstacles à l’entrée sur le marché du travail des jeunes et des peu qualifiés, réussite scolaire tributaire de l’origine sociale, absence de fluidité du marché du logement, existence de discriminations. Les constats sont similaires pour les habitants des quartiers de la politique de la ville.

Les difficultés d’insertion économique s’adossent à des problèmes scolaires, mais cela n’explique pas tout

  • Les jeunes descendants d’immigrés restent particulièrement touchés par les difficultés d’insertion professionnelle, et encore davantage depuis la crise de 2008. Cette situation touche plus particulièrement les jeunes descendants d’immigrés africains (y compris le Maghreb). Le taux de chômage, pour les moins de 30 ans, est deux fois supérieur à celui des autres jeunes. Moins qualifiés, ces jeunes sont plus exposés à la précarité dans l’emploi et intègrent moins la fonction publique d’État. Ces difficultés se traduisent par un niveau de vie inférieur et par des situations de pauvreté plus fréquentes.
  • Plusieurs types de facteurs, en partie liés, sont avancés pour expliquer les difficultés particulières rencontrées par les jeunes descendants d’immigrés : un milieu socioéconomique plus modeste que celui du reste de la population ; des parcours scolaires plus difficiles, avec davantage de sorties du système éducatif sans diplôme et des niveaux de diplôme moins élevés, tout particulièrement pour les garçons ; des orientations moins favorables avec un faible taux de poursuite dans le supérieur, et, pour ceux qui sont orientés vers les filières professionnelles, un moindre accès à l’apprentissage ; une concentration spatiale au sein de quartiers et communes cumulant les difficultés économiques et sociales.

Car des phénomènes de discrimination accentuent le problème d’insertion

  • Toutefois, ces facteurs ne peuvent expliquer à eux seuls les écarts mentionnés en termes d’insertion économique. Même une fois neutralisés les effets de structure (origine sociale des parents, niveau de diplôme, localisation), un risque de chômage plus élevé persiste pour les descendants d’immigrés. Cet écart non expliqué renvoie à des facteurs non pris en compte dans les enquêtes, dont des phénomènes de discrimination.

Faut-il introduire des politiques de différenciation ?

  • Ce constat permet à France-Stratégie, qui retrouve là sa vocation première, de relancer le débat sur l’introduction d’une différenciation entre les citoyens français en fonction de leur ascendance migratoire. La question est posée certes, de mobiliser les politiques de droit commun : politiques de l’emploi, de l’éducation et du logement, renforcement des politiques de lutte contre les discriminations mais aussi, au vu des difficultés spécifiques qui ont été identifiées, de réfléchir aux moyens de compléter ces politiques par des mesures particulières en direction des quartiers de la politique de la ville d’une part, des descendants d’immigrés de l’autre. De plus, le rapport préconise que ces actions s’accompagnent de mesures permettant d’assurer à ces populations une plus grande représentation politique.
  • Dans sa Note d’analyse du 10 mars 2015, « Favoriser l’insertion économique des jeunes issus de l’immigration », France Stratégie fait des propositions permettant d’orienter nos politiques publiques dans un sens plus favorable à ces populations qui cumulent les difficultés. Clefs du social y reviendra dans un prochain numéro.

Question de définition

  • L’expression « jeunes issus de l’immigration » peut littéralement recouvrir les jeunes immigrés ou descendants d’immigrés résidant en France, mais elle est couramment utilisée pour désigner les « seconde génération », les enfants nés de parents ayant immigré en France lors de différentes vagues migratoires. Si les immigrés ont connu un parcours migratoire depuis leur pays d’origine, les seconds sont nés en France, y ont été scolarisés et sont quasiment tous de nationalité française.

Sources