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Les métiers de l’économie verte

samedi 21 mars 2015

Le Commissariat général au Développement durable (CGDD), organe de réflexion et de recherche du Ministère du développement durable, a récemment publié des études relatives aux emplois verts. Le tournant vers une économie plus durable est souvent accusé de participer à détruire des emplois, notamment dans l’économie brune (polluante). A contrario, les défenseurs de l’environnement exagèrent sensiblement les retombées économiques du développement durable. Qu’en est-il réellement ?

L’économie verte recouvre plusieurs dimensions qui se traduisent dans les nomenclatures métiers.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a proposé une définition théorique qui inclut dans l’économie verte, à la fois les emplois dont la finalité est la protection de l’environnement, mais aussi ceux qui exercent une pression faible sur l’environnement, et ceux qui exercent une pression forte mais qui fournissent des secteurs verts ; entrent par exemple dans le périmètre de l’économie verte la production d’aciers utilisés pour la construction d’éoliennes. En 2012, l’OIT a évalué que la conversion à une économie plus respectueuse de l’environnement pourrait générer de 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle mondiale au cours des vingt prochaines années. Mais ces notions restent vagues.

Au niveau du Commissariat général au développement durable (CGDD), les chercheurs ont tenté de donner deux définitions plus strictes des emplois de l’économie verte qui permettent de mieux les quantifier dans l’objectif de mieux préparer les salariés aux mutations professionnelles.

Les métiers de l’économie verte sont définis de manière stricte comme ceux qui servent à « mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement ». En 2010, le CGDD a comptabilisé 140 000 emplois verts. La majeure partie travaille dans le secteur de l’assainissement du déchet (36%) et dans le secteur de l’eau (45%). Seules 4 000 personnes s’occupent réellement de la protection de la nature (gardes forestiers…). 38% des métiers verts sont exercés dans des entreprises dont l’activité principale est sans lien avec les éco-activités ou l’environnement à proprement parler.

Une deuxième catégorie concerne ensuite les métiers verdissants « dont la finalité n’est pas environnementale mais qui intègre de nouvelles « briques de compétences » pour prendre en compte la dimension environnementale ». On pense ici aux métiers du bâtiment qui intègrent des formations pour poser des dispositifs de chauffage basse consommation, par exemple. Cette catégorie est évidemment gonflée artificiellement car il est difficile d’évaluer le degré de « verdissement » de chaque professionnel ! Entre 3,6 millions et 4,1 millions de salariés seraient concernés.

L’évolution des emplois verts

De 2004 à 2011, l’emploi dans les deux segments de l’économie verte a augmenté de 4,4% par an contre 1% dans le reste de l’économie, attestant d’une dynamique particulière. Cependant la crise a stoppé cette progression.
Comme le montre le graphique ci-dessous extrait d’une présentation du CGDD, les emplois verts sont concentrés dans la gestion des ressources (eau et énergies), des déchets et de la réhabilitation des sols.

En 2013, les intentions d’embauche dans les métiers de l’économie verte constituent 14 % de l’ensemble des projets de recrutement, mais ils sont jugés plus difficiles à pourvoir par les employeurs. Le manque d’expérience professionnelle et de formations professionnelles adaptées y est certainement pour quelque chose. De plus ces emplois offerts sont en général plus précaires, à plus de 70% des CDD dans les métiers verts contre 45% dans les métiers verdissants ou non. Enfin, les métiers de l’économie verte restent très masculins (86%) à la différence du reste du salariat plus équilibré (48% d’hommes). Ces métiers verts concernent avant tout des manœuvres et des ouvriers à la différence des métiers verdissants concernant davantage des employés qualifiés.

Ces derniers éléments montrent pour l’instant que les métiers verts sont donc encore d’une dimension spécifique liée à des missions d’entretien ou de restauration des milieux naturels ou de traitement des polluants. Dès plus, les formations de niveau supérieur ne correspondent pas (pour l’instant) aux besoins des entreprises, ce qui peut compliquer les débouchés pour les jeunes diplômés mal orientés. L’eldorado des métiers verts reste donc à ce stade très incertain et concentré sur des types d’emplois encore trop précaires pour représenter un espoir suffisant pour absorber les millions de salariés actuellement au chômage. Mais c’est une piste qui doit être explorée et davantage structurée dont l’enjeu pour son avenir est de correspondre à des emplois viables et de qualité.


Pour aller plus loin :