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Les classes moyennes résistent mieux en France

samedi 20 janvier 2018

Les caractéristiques sociodémographiques des personnes de la catégorie médiane [1] évoluent peu entre 1996 et 2014, de même que leur position par rapport aux autres catégories de ménages. Près d’un ménage sur cinq a un niveau de vie entre 90 % et 110 % du niveau médian. Les 9 millions de personnes majeures vivant dans un ménage médian ont des caractéristiques sociodémographiques globalement proches de l’ensemble de la population. Elles s’en distinguent par leur plus faible niveau de diplôme et leur faible taux de descendants d’immigrés.

En 2014, les ménages dont le niveau de vie est compris entre 90 % et 110 % du niveau de vie médian, dits « ménages médians », regroupent 11,6 millions de personnes, soit 18,7 % de la population métropolitaine. Depuis 1996 cette part de la population progresse de 1,5 point. Cette légère concentration vers la catégorie médiane au cours des vingt dernières années se fait au détriment de toutes les autres catégories de niveau de vie.

Par rapport aux autres catégories de ménages, la catégorie médiane est celle où la part des familles traditionnelles est la plus forte. Inversement, les familles monoparentales y sont sous-représentées : seules 4 % des personnes de niveau de vie médian vivent en familles monoparentales, contre 20 % pour les plus pauvres.

Un quart de la catégorie médiane n’a pas de diplôme, une part bien plus élevée que dans les catégories plutôt aisées. Et seules 10 % ont obtenu un diplôme supérieur à bac+2, un niveau proche de celui observé dans les ménages modestes ou pauvres.

Concernant les liens à la migration, les ménages médians sont très proches des ménages plus aisés, et se distinguent nettement des ménages pauvres, qui regroupent la part la plus élevée d’immigrés et de descendants d’immigrés.

Bien que les personnes appartenant aux ménages médians aient toutes par construction un niveau de vie comparable, il ne s’agit pas pour autant d’une population homogène. On distingue ainsi six profils : les familles traditionnelles constituent le groupe le plus nombreux, suivies par les couples de 55 ans ou plus, les personnes ayant connu une rupture d’union, les jeunes, les hauts diplômés et enfin les veuves.

En 2014, le niveau de vie moyen des ménages médians correspond à 87 % du niveau moyen de l’ensemble de la population. Il est 2,3 fois plus élevé que celui des ménages pauvres, mais atteint seulement 38 % de celui des ménages aisés.

De 1996 à 2014, le niveau de vie moyen des ménages médians progresse de 17 % en euros constants. Cette évolution est moins favorable que celle observée pour les ménages aisés (+25 %) mais comparable à celle observée pour les ménages pauvres, modestes et plutôt aisés. Depuis la crise commencée en 2008-2009, le niveau de vie moyen de ménages médians est resté à peu près stable en euros constants.
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Les ménages médians se caractérisent par une part importante des revenus d’activité dans leur revenu disponible (72 %), ce qui les rapproche des catégories de ménages au niveau de vie supérieur, mais aussi par une très faible part de revenus du patrimoine (4 %), ce qui les rapproche des catégories modestes et pauvres. Cette composition explique en partie l’impact très limité de la crise sur le niveau de vie de ces ménages. Début 2015, les ménages médians détiennent en moyenne un patrimoine brut de 190 000 euros. Leur patrimoine brut moyen est 1,6 fois plus élevé que celui des ménages pauvres ou modestes, mais ne représente que 23 % de celui des ménages aisés. Cependant, ce niveau moyen de patrimoine recouvre une forte hétérogénéité au sein des ménages médians, en dépit de leur homogénéité sous l’angle des niveaux de vie.

Alors qu’ils ont tous accès aux produits de première nécessité, une part non négligeable des ménages « médians » déclarent des difficultés pour assurer des dépenses ponctuelles d’un montant élevé telles que le remplacement d’un meuble (un sur quatre) ou les vacances (un sur cinq).

Une relative diversité de situations se rencontre au sein de ce groupe : deux tiers déclarent être financièrement en difficulté, tandis qu’un tiers se considère « à l’aise ». Cet écart est en partie lié au fait d’être propriétaire ou non de son logement. Les ménages en difficulté financièrement, un peu moins souvent propriétaires (56 %), dépensent proportionnellement davantage pour leur logement (19 %), qui fait partie des dépenses contraintes. Les ménages à l’aise financièrement, dont 64 % sont propriétaires, consacrent à leur logement une moindre part de leur budget (13 %).

En 2013, parmi les ménages médians, un peu plus de six sur dix sont propriétaires de leur résidence principale, soit une position intermédiaire entre les ménages modestes et les ménages plutôt aisés. Contrairement aux ménages modestes et pauvres, ils sont plus fréquemment propriétaires qu’il y a vingt ans. Toutefois, pour faire face à la hausse des prix de l’immobilier durant les années 2000, les ménages médians nouvellement propriétaires s’endettent davantage. Ils consacrent une part croissante de leur revenu à leurs dépenses de logement, mais dans une moindre mesure que les ménages modestes

En comparaison des autres ménages, les ménages médians sont dans une position intermédiaire qui les rapproche des ménages modestes par certains aspects. Le poids dans leur consommation des postes « Alimentation », « Alcool, tabac », « Hôtels, restaurants », « Loisirs et culture », « Meubles » est plus proche du budget des ménages modestes et pauvres que de celui des ménages plutôt aisés et aisés. Par ailleurs, les personnes vivant dans un ménage médian expriment un certain pessimisme face à l’avenir et une crainte quant aux ressources dont elles disposeront pour leurs vieux jours, proches de ceux observés parmi les personnes plus modestes.

Dans quatre des départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion), moins d’une personne sur dix vit dans un ménage médian, défini comme un ménage dont le revenu par unité de consommation (UC) est compris entre 90 % et 110 % du revenu par UC médian des DOM. Cette part est bien inférieure à celle observée en métropole (une personne sur six). En revanche, la pauvreté est beaucoup plus répandue outre-mer : trois personnes sur dix y sont pauvres, c’est-à-dire ont un revenu par UC inférieur à 60 % du revenu par UC médian des DOM. 

Malgré cela, les classes moyennes ont mieux résisté en France qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni. D’après les auteurs de l’étude « cela peut résulter de différences institutionnelles entre pays, par exemple l’existence et le niveau de salaire minimum et le niveau relativement élevé du SMIC en France ».


Référence


Notes :

[1médiane statistique : valeur telle que 50 % des valeurs de la série sont inférieures ou égales à elle et au moins 50 % des valeurs de la série lui sont supérieures ou égales.