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Le temps partiel constitue-t-il une réserve d’emplois ?

samedi 11 juin 2016

C’est la question que pose France Stratégie dans une note de mars 2016.

Les emplois partiels

La France a un taux d’emplois à temps partiel pour les 15-64 ans quasi semblable à la moyenne de l’UE28, mais très éloigné de celui des autres pays de l’ouest de l’Europe. En fait, c’est le taux de temps partiels féminins qui crée ces écarts, à l’exception des Pays-Bas, seul pays où le temps partiel touche aussi de nombreux hommes (33 %) : les femmes françaises travaillent plus à temps plein que dans les pays de l’ouest de l’Europe. Or, on retrouve ces mêmes caractéristiques et différences pour le taux d’emploi total des 15-64 ans : une similitude européenne, et une nette différence avec les pays de l’ouest de l’Europe.

Pays Temps partiel Temps partiel Femmes Taux d’emploi
% des emplois totaux % des emplois féminins % des 15-64 ans
France 18,6 30 64,2
UE28 19,6 31,5 64,9
Allemagne 26,5 45 73,8
Pays-Bas 49,6 76 73,1
Danemark 24,6 38 72,8
Suède 24,6 39 74,9
Royaume-Uni 25,3 43 71,9

Y a-t-il corrélation entre ces données ? Un meilleur taux d’emploi quand le temps partiel est développé ? Est-ce là un gisement d’emploi ?

On le voit, le temps partiel en France est atypique. Moins important que dans le reste de l’Europe de l’ouest grâce au meilleur niveau d’équipements collectifs (crèches, maternelles) pour leurs enfants et aux 35 heures qui ont également facilité la conciliation vie professionnelle / vie familiale. De plus, celles qui choisissent le temps partiel sont la plupart du temps diplômées et en emploi stable. En fait, celles qui le subissent sont en général peu qualifiées et souvent en emploi précaire et peu rémunéré.

Cependant, le taux de temps partiels a plus augmenté que les temps pleins en 30 ans, représentant un effet de substitution entre types d’emplois (de 8 à 18,6 % des emplois). Cette augmentation a eu lieu surtout entre 1983 et 1999, elle a été beaucoup plus faible depuis.

D’après France Stratégie, ces différences statistiques entraînent un déficit de près de 2,8 millions d’emplois pour la France. On retrouve ce déficit tout particulièrement dans l’industrie manufacturière, plus faible que dans les autres pays, et dans le commerce et hébergement-restauration. Ces écarts de taux s’expliquent plus par la structure productive de ces secteurs et des temps partiels en moyenne plus longs. L’étude conclut cependant que les explications sont différentes selon les activités. En cause, le faible taux d’emploi dans l’industrie manufacturière, le bâtiment, l’information-communication, mais pas dans le commerce et hébergement-restauration. Ce qui, dans un pays très tertiarisé et où les temps partiels comportent plus d’heures que dans les autres pays étudiés, relativise l’idée de gisements d’emplois disponibles. Contrairement à beaucoup de discours !

Enfin, comme ce déficit se retrouve surtout aux deux extrémités d’âge actif, les jeunes et les seniors, France Stratégie propose comme des marges possibles de manœuvre un cumul emploi formation pour les jeunes, par l’alternance et, pour les seniors, une sortie progressive de l’emploi par un recours au temps partiel.

À part ces deux types de situation, pour lesquels le temps partiel peut favoriser l’insertion dans l’emploi, la note de France Stratégie ne conclut pas à une véritable réserve d’emplois par la multiplication des temps partiels. Le Royaume-Uni et les pays du Nord ont fait le choix du temps partiel pour les femmes et, en Allemagne, pour les jeunes et les immigrés également ; et ce sont des temps partiels plus courts qu’en France. Ce n’est pas le choix de notre pays, qui a préféré la réduction du temps de travail pour créer des emplois tout en maintenant les salaires et qui vient de réglementer le temps partiel à un minimum de 24 heures, sauf accord de branche différent. De plus, l’affirme France Stratégie, en France, le temps partiel se substituerait à l’emploi à temps plein ! CQFD !


Sources :