1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Emploi
  4. > Le chômage a baissé de 3% en 2016

Le chômage a baissé de 3% en 2016

samedi 18 février 2017

Nous disposons désormais des chiffres complets du chômage pour 2016. Malgré une hausse en décembre, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 107 400 personnes soit la première baisse annuelle depuis 2007, et le début de la crise financière, a annoncé le ministère du Travail. Chiffre emblématique du quinquennat qui s’achève, ce résultat conforte la politique gouvernementale d’après la ministre du travail mais le chômage reste encore à un niveau élevé en France et l’emploi n’a pas retrouvé le niveau d’avant la crise.

Les chiffres

Fin décembre 2016, en France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit à 3 473 100. Au total pour la France entière le chiffre est de 3,73 millions.

Le nombre d’inscrits en catégorie A a baissé de 107 000 entre décembre 2015 et décembre 2016. Mais le nombre d’inscrits en catégorie D (les personnes non tenues de rechercher un emploi) a augmenté de 67 400 sur la même période, expliquant à lui seul 63% de la baisse annoncée par le gouvernement. C’est une conséquence du plan de formation de 500 000 chômeurs [1] qui a déplacé certaines personnes de catégorie. Mais cela reste une bonne nouvelle.

Le chômage de longue durée a reculé de 0,4% en décembre et de 2,4% sur l’année. Fin 2016, 2,41 millions de demandeurs d’emploi étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an.

Les jeunes de moins de 25 ans sont les principaux bénéficiaires de la baisse annuelle. Malgré une légère progression en décembre, le nombre de jeunes demandeurs d’emploi sans activité diminue de 46 100, soit - 8,8 %. Un chiffre deux fois supérieur à celui de 2015.

L’interprétation des chiffres

Pour Myriam El Khomri :

« 2016 marque la première baisse du chômage sur une année depuis 2007. Intervenant en effet après huit années consécutives de hausse, elle aura principalement profité aux jeunes dont le nombre d’inscrits à Pôle emploi retombe à son niveau de mi-2011 ».

Elle a souhaité que les évolutions soient interprétées en tendance plutôt qu’au mois le mois.

Son point de vue est partagé par les économistes qui, comme Eric Heyer, chercheur à l’OFCE, estiment qu’il « faut observer la tendance sur un trimestre, voire un semestre pour se faire une idée. Et celle-ci n’est pas mauvaise ».

Les raisons de cette baisse

Pour le ministère du travail ce résultat est à mettre au crédit des politiques menées par le gouvernement Hollande en faveur de la compétitivité des entreprises (CICE, primes à l’embauche…) :

« Les dispositifs que nous avons mis en œuvre ont contribué à dynamiser la création d’emploi salarié depuis deux ans (…). Cette étape constituait un préalable à la baisse du chômage, qui s’est enclenchée dès le premier trimestre 2016 ».

Le ministère souligne que les derniers résultats publiés par l’Acoss montrent que ce dynamisme porte notamment sur les embauches en CDI qui ont augmenté de près de 9 % en 2016 par rapport à 2015 et qui participent à la lutte contre la précarité de l’emploi.

Les économistes sont, eux, plus réservés. Ils ne nient pas que cette politique ait joué un rôle. En effet pour E Heyer la croissance molle de la France pour 2016 n’était pas suffisante pour créer autant d’emplois.

« On a baissé les charges pour les bas salaires, ce qui a encouragé à embaucher en dessous des niveaux du smic ».

Mais la décision du gouvernement d’alléger les charges n’explique pas tout pour d’autres économistes. En effet, ils mettent en avant les conditions macroéconomiques meilleures, les taux bas ainsi que le prix du pétrole. C’est un point positif pour les économies mondiales et celles de la zone euro. Ce qui est certain c’est qu’en 2015 et 2016, la France s’est remise à créer des emplois : 237 000 postes dans le secteur marchand sur les dix-huit derniers mois, dont 51 200 sur la période de juillet à septembre. Le meilleur chiffre depuis 2008, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Cela suffira-t-il à inverser réellement la courbe du chômage ?

Pour Alexandre Delaigue, professeur d’économie-gestion à l’université Lille-1, il faut être vigilant, car si le nombre de demandeurs d’emploi baisse, le rythme est beaucoup trop bas pour entamer sérieusement le chômage de masse qui frappe la France.


Sources