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La situation des femmes dans le monde. Emploi : toujours des disparités - Violence : une dégradation

samedi 15 juillet 2017

2 rapports récents, l’un de l’OIT sur l’emploi des femmes dans le monde, l’autre du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies alertent sur la situation des femmes dans le monde. La moitié des femmes dans le monde sont exclues de la population active. Et concernant les violences, la situation se dégrade.

Trop de disparités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail

Dans un rapport intitulé « Emploi et questions sociales dans le monde : tendances de l’emploi des femmes 2017 », l’Organisation internationale du travail (OIT) relève que le taux d’activité mondial des femmes est très inférieur à celui des hommes. Celui des femmes s’élève à 49 % en 2017, soit près de 27 points inférieurs à celui des hommes (76 %) et devrait demeurer inchangé en 2018. Fait aggravant, l’OIT estime que les femmes qui accèdent au marché du travail ont plus de difficultés à trouver du travail et à le garder. Leur taux de chômage, à l’échelle de la planète, est de 6,2 % en 2017, soit un écart de 0,7 % avec le taux de chômage des hommes qui se situe à 5,5 %.

Les pays les plus concernés

Les femmes des pays émergents souffrent du plus grand écart des taux d’activité, presque 31 points de pourcentage, suivies par celles des pays développés, un peu plus de 16 points de pourcentage, et celles des pays en développement, 12 points de pourcentage (ces derniers chiffres ne prennent pas en compte le travail non officiel). En ce qui concerne la localisation, les écarts sont plus importants dans les États arabes, en Afrique du Nord et en Asie du Sud, où ils dépassent 50 points de pourcentage.
En Europe subsiste le problème du travail à temps partiel subi (de moins de trente heures par semaine). Il représentait 8,2 % de l’emploi total pour les femmes de l’Union européenne en 2015, contre 2,6 % pour les hommes.

Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés

L’OIT explique que plusieurs facteurs affectent l’accès des femmes au marché du travail. Il est cité la discrimination, la violence, le harcèlement sexuel, l’éducation, les activités de soins non rémunérées, l’équilibre travail-vie de famille et la situation matrimoniale.

La perspective est sombre

Pour le rapport, « Il est préoccupant de constater que cet écart s’inscrit dans une tendance à la baisse des taux d’activité tant pour les hommes que pour les femmes : entre 1997 et 2017, ils ont diminué d’environ 3 points de pourcentage. Si l’écart se résorbe dans certains pays, c’est en raison d’une baisse du taux d’activité plus prononcée pour les hommes que pour les femmes ». La crise mondiale est passée par là.

La parité au travail pourrait augmenter le PIB mondial de 3,9 %

Paradoxe des paradoxes ! Cette situation est totalement contreproductive. En effet, selon l’OIT, si les différents pays de la planète avaient respecté l’engagement pris en 2014 par les dirigeants du G20 de réduire l’écart entre les taux d’activité des femmes et des hommes de 25 % d’ici à 2025, cela aurait pu potentiellement injecter 5 800 milliards de dollars dans l’économie mondiale et générer 1 500 milliards de dollars de recettes fiscales. Pour la France en particulier, le bénéfice d’une réduction de cet écart apporterait « 44,3 milliards d’euros à l’économie française », explique le Bureau international du travail (BIT), secrétariat de l’OIT, par l’augmentation du PIB et des recettes fiscales.

Réagir !

Pour combler les disparités femmes/hommes face à l’emploi, « nous devons commencer par modifier notre conception du rôle des femmes dans le monde du travail et dans la société », insiste l’Organisation internationale du travail.
Pour l’OIT, il faut s’attaquer aux causes profondes de la ségrégation professionnelle et sectorielle. Il faut contester les normes sociales et accorder plus de valeur aux compétences pour casser les stéréotypes sexistes. Il faut aussi favoriser l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale par l’adoption du principe d’égalité de rémunération dans la législation et dans les processus de négociation collective.
Tout commence dès l’enfance, par l’éducation, la sensibilisation et la garantie d’un accès égal aux possibilités éducatives des filles et des garçons.

Autre sujet d’inquiétude concernant les femmes, les violences qui leur sont faites

Le 23 juin, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (HCDH) s’est réuni à Genève. Il estime qu’une femme sur trois est encore victime de violences dans le monde. Ce chiffre pourrait être en réalité encore plus élevé car les faits en cause sont souvent sous-estimés. Le Conseil alerte sur la dégradation de la situation des femmes en citant la longue liste des violences faites aux femmes. Meurtre, coups, viol, privation de la liberté d’agir ou d’aller et venir, otages lors des conflits, excision, mariage forcé, refus du droit à l’interruption de grossesse (IVG)…suivant les données collectées par les missions de l’ONU auprès des institutions ou des associations.
Pour Daisy Schmitt, chargée du bureau Droits des femmes de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), « La situation tend à se dégrader. On assiste à un recul des droits des femmes dans le monde quelle que soit la zone géographique ou la classe sociale ».

Une absence de volonté politique

Pour le HCDH, la persistance des abus est avant tout due à un problème de volonté politique. Malgré des avancées législatives, les États peinent à mettre en place les lois ou à les faire respecter, par exemple l’excision qui est désormais interdite dans de nombreux pays.

Selon Jacqueline Deloffre, responsable de la commission des femmes à Amnesty International (AI), des États tentent de réviser des lois établies sous l’influence des dogmes. « Quand les religions prennent le pas sur le droit, les femmes sont en danger. Nous devons continuer à être vigilants même dans les pays où l’on croit que les droits sont acquis comme pour l’IVG en Pologne ».

Comme pour le dossier de l’accès au marché du travail, les organismes de défense des droits humains plébiscitent le recours à l’éducation, et particulièrement des garçons et des hommes. Pour le HCDH, il faut sortir de l’idée totalement erronée que si les femmes gagnent en droit, les hommes y perdent et les inclure dans ce combat pour faire évoluer les mentalités.


Sources