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La réforme de la formation : former ceux qui en ont besoin

samedi 3 janvier 2015

On parle toujours de la réforme de la formation à partir de l’entreprise et des salariés en emploi. Dans les entreprises et les administrations, en effet, on trouve encore trop de salariés en manque de qualification, alors même que les accords ont entériné le droit pour chacun d’augmenter d’un niveau sa qualification au cours de sa vie professionnelle et que les entreprises ont besoin de compétences nouvelles pour augmenter leur compétitivité.

Aussi, depuis la crise, les partenaires sociaux ont beaucoup accentué leur financement pour former les chômeurs et les salariés peu qualifiés en risque pour leur emploi. …Contrairement à ce qu’a prétendu Jacques Attali sur France Inter le 10 décembre dernier [1], attaquant le « formidable gaspillage des 32 milliards de la formation professionnelle » dont « 2 % seulement sont utilisés pour les chômeurs », la loi du 5 mars 2014 « loi scandaleuse, lamentable » et « les partenaires sociaux qui ne représentent pas l’intérêt général » et surtout pas celui des chômeurs.

  1. Les chiffres
    Les derniers chiffres que nous avons sont ceux du « jaune » formation professionnelle 2015, annexe du projet de loi de finances.
    1. 57 % du financement de la formation professionnelle relève de décideurs politiques
      On y voit que, sur les 31,7 milliards € consacrés à la formation professionnelle, le financement de la formation par les entreprises, qui arrive en numéro un et qui est le seul maîtrisé par les partenaires sociaux, représente 13,750 milliards, soit 43 % de la dépense totale. Les régions financent pour 4,475 milliards, l’État pour 4,340 milliards pour les publics prioritaires et 5,9 milliards pour ses agents, les autres administrations publiques dont essentiellement Pôle emploi pour 1,870 milliards, et les individus eux-mêmes pour 1,280 milliard.
    2. 19 Milliards pour l’amélioration de la formation des salariés
      Sur l’enveloppe totale, 13,460 milliards sont utilisés pour les salariés du privé, 5,9 milliards pour ceux du public, soit 19,36 milliards. Consacrer ces sommes à l’évolution professionnelle des salariés, en les ciblant davantage sur ceux qui en ont le plus besoin, comme y vise la réforme récente, est nécessaire.
    3. 12 milliards consacrés aux jeunes et aux chômeurs
      38 % des dépenses de formation vont à tous ceux qui sont en manque de qualification ou en difficultés d’insertion : 7,667 milliards pour les jeunes (5,4 milliards pour l’apprentissage, 1 milliard pour l’alternance et la professionnalisation, et 1,23 milliard autres formations et accompagnements), soit 24 %, et 4,370 milliards pour les demandeurs d’emploi (13,8 %).
      D’ailleurs, dans ce total, les entreprises elles-mêmes - en particulier par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels - dépensent 2,1 milliards pour la formation des jeunes (la moitié pour l’apprentissage, la moitié pour la professionnalisation) et 450 millions pour la formation des chômeurs (+16 % en un an), soit 18,5 % de leurs dépenses.

C’est à partir de ces chiffres réels, loin des affirmations intempestives, qu’il faut se demander s’il faut faire plus pour qualifier et insérer ceux qui en ont besoin, apporter des compétences nouvelles pour que les entreprises se développent et créent de l’emploi, et améliorer encore et optimiser l’usage de ces 32 milliards. La réussite de cette réforme de la formation suppose notamment que les organismes de formation développent des formations et des méthodes pédagogiques adaptées à des publics en difficultés, souvent chômeurs de longue durée.

La réforme de la formation professionnelle, issue de l’Ani du 13 décembre 2013, traduit par la loi du 5 mars 2014, commence à se mettre en place le 1er janvier 2015 et sa mise en œuvre va se faire sur deux ans. Il est utile d’attendre qu’elle se déroule, de vérifier qu’elle est réellement mise en œuvre dans l’esprit de la qualification, de l’insertion et la sécurisation dans l’emploi de ceux qui en ont le plus besoin, avant d’en tirer un bilan et si nécessaire de nouvelles inflexions !


Notes :

[1(*) le 7-9 de France Inter, l’invité de 8h20 :
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1019119