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L’intégration du numérique dans les activités professionnelles

samedi 20 juin 2015

Le numérique bouleverse le travail, les activités des entreprises comme celles des services publics. Et nous sommes loin d’être au bout de ces changements. Une bonne raison de s’en occuper ! Une série d’études révèle où en est la France, et ne manque pas de surprises.

La France, leader européen du « e-gouvernement » pour les services publics en ligne

C’est ce qu’affirme le classement (biennal) de l’ONU de septembre 2014. Pour la première année, la France passe devant les Pays-Bas, le Royaume-Uni et le Danemark qui étaient les leaders européens des classements précédents. Cela donne à la France la 4ème place mondiale derrière la Corée, l’Australie et Singapour (les États-Unis sont 7èmes).

Ce classement est établi à partir de trois critères : les services en ligne pour les citoyens, les investissements en infrastructures et le capital humain. La France est première pour les services en ligne, le développement de l’usage des logiciels libres, l’ouverture des données publiques de l’administration à la consultation publique.

Le gouvernement continue : au moment de ce classement, il lançait les travaux préparatoires par une vaste concertation pour une prochaine loi sur le numérique. C’est bien nécessaire car le numérique est loin d’être pris en compte dans toutes les activités.

Car tout n’est pas rose dans la relation de l’administration avec le numérique. On y trouve aussi « une sourde résistance », car cela change tellement les méthodes d’organisation et les pratiques de travail. Les agents craignent son impact sur l’emploi public et certains hauts fonctionnaires sont peu enclins à piloter ces changements avec une nouvelle culture managériale. Ce qui suppose de décloisonner, de revisiter règles et procédures, d’associer les personnels…

Le retard des entreprises

Enjeux Les Échos ont réalisé eux aussi un classement, celui des groupes français du CAC40, sur leur digitalisation, à travers un questionnaire autour de quatre thèmes : la présence en ligne, l’ouverture sur l’écosystème numérique, le niveau de maîtrise technologique et la culture digitale.

Le résultat est éloquent. Si les grands groupes sont maintenant convaincus d’une « urgence numérique », leurs performances dans ce domaine sont encore modestes, loin des meilleurs mondiaux. Car, dans l’ensemble, ces grosses organisations, comme les grandes administrations d’ailleurs, sont lourdes et d’une culture peu aventureuse. Là aussi la question est celle de l’adaptation de leur culture. Les entreprises bloquent aussi sur les questions de cybersécurité, redoutées mais incomplètement prises en compte. Ces craintes constituent un frein à leur digitalisation. Certains salariés, de leurs côtés, craignent d’être ramenés au statut d’exécutants et de manquer de possibilités d’acquisition de compétences.

Certains grands groupes, cependant, ont déjà bien intégré la transformation numérique. Le groupe le plus avancé est Schneider Electric, d’après ce classement, qui cite aussi les innovations mises en route par la Société générale ou chez Danone, Axa Banque, souvent par de petites équipes qui fonctionnent comme des start up.

Car, les petites entreprises, start up, ou ETI, elles, sont beaucoup moins percutées par l’introduction numérique : elles ont plus l’habitude de la transversalité, leurs organisations sont moins hiérarchisées.

En somme, la transformation numérique des entreprises ne fait que commencer.

Les salariés européens plus moteurs que les employeurs

C’est la conclusion d’une étude d’Accenture, présentée le 6 mai, selon laquelle 57 % des salariés européens pensent que le numérique va améliorer leurs conditions de travail, alors que 53 % des employeurs disent ne pas avoir de stratégie digitale et 61 % refusent d’être précurseurs en matière de numérique dans leur secteur.

Les salariés sont beaucoup plus proactifs : 64 % disent s’autoformer à de nouvelles technologies numériques, …d’abord par crainte d’être dépassés et de perdre en employabilité. Bien sûr, ces réactions dépendent en partie de l’âge, puisque la vision positive en termes d’amélioration des conditions de travail concernent 69 % des 18-34 ans, déjà mieux formés au numérique, mais 53 % des plus de 45 ans qui ont beaucoup plus de craintes pour leur emploi.

Il y a donc des besoins importants de formation, initiale comme continue, vers ces nouveaux métiers, non encore suffisamment pris en compte. Pourtant, selon Accenture, la digitalisation sera une source d’emplois nouveaux, qu’elle chiffre à 100 000 par an à l’horizon 2020.

Au travers de cette affirmation est posée toute la question de la qualité des emplois et des pratiques de travail qu’ils vont engendrer, qui doit être suivie de très près.