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Formation en entreprise et parcours des salariés, quelles réalités en France ?

samedi 1er février 2020

Pour mieux connaître, les dynamiques de formation et en analyser leurs effets, sur les carrières, sur les chances d’accès à un nouvel emploi, la mobilité externe et les changements d’activité professionnelle des salariés, le CEREQ a développé un nouveau dispositif d’enquête, entreprises et salariés, sur les formations et itinéraires des salariés, Défis [1].

L’enquête
L’enquête a été réalisée auprès de 4 500 entreprises ainsi que 16 000 salariés représentatifs, présents en entreprise en décembre 2013, et inclut un suivi longitudinal. Elle porte sur 6 millions de formations suivies entre janvier 2014 et juin 2015, salariés interrogés 5 fois sur la période de début 2014 à l’automne 2019.

Pour y parvenir, Défis observe :

  • auprès des entreprises : l’organisation du travail, les outils de gestion, la politique RH, les pratiques de formation, les relations professionnelles, le profil du dirigeant pour les petites entreprises.
  • auprès des salariés : les parcours d’emploi et de chômage, les changements dans le travail, toutes les formations suivies, les projets et besoins de formations, les contraintes, les apprentissages dans le travail, l’information sur la formation.

Les 6 millions d’intitulés de formation sont regroupés en 35 familles de formation puis en 4 grands domaines de formation : spécifiques aux métier ; à caractère transversal ; habilitations nécessaires à l’exercice d’un métier ; répondant à l’obligation de maintien de l’hygiène et de la sécurité sur les postes de travail.

Parmi les principaux résultats

  • les parcours des salariés 2013-2017 : 61 % des salariés, souvent des hommes, sont dans la même entreprise, 21 % dans une autre entreprise, 1 % sont travailleurs indépendants, 2 % inactifs, 7 % au chômage et 8 % retraités. L’exploitation de l’enquête a permis d’identifier des profils types :
    • 28 % en carrière établie, salariés plus âgés que la moyenne, 95 % sont satisfaits dans leur emploi, 62 % avaient une ancienneté supérieure à 10 ans, 59 % ont suivi une formation entre 2014 et 2017 ;
    • 28 % en promotion fonctionnelle caractérisée, jeunes et diplômés, 83 % ont connu un changement de fonction, 51 % sont diplômés de l’enseignement supérieur, 81 % ont suivi une formation entre 2014 et 2017 ;
    • 24 % en promotion latente : 94 % satisfaits dans leur emploi en raison de plus d’autonomie, de responsabilité, ayant eu accès pour 70 % à la formation ;
    • insatisfaits bloqués, 12 % des salariés caractérisés par un travail pénible (77 % déclarent un travail pénible, 80 % travail répétitif, seulement 29 % sont satisfaits de leur emploi), 74 % sont des ouvriers et employés, 48 % ont suivi une formation ; cependant la réponse formation est la plus faible et de loin pour cette catégorie ;
    • carrières heurtées : parmi ces salariés 42 % sont des femmes, 66 % déclarent moins de responsabilité, 84 % moins d’autonomie, 78 % des conditions de travail dégradées ; bien que 66 % aient suivi une formation, 77 % déclarent souhaiter se former au cours des 5 prochaines années.
  • concernant les modalités de formation, 64 % des entreprises de plus de 10 salariés ont organisé des formations en situation de travail avec un tuteur, très majoritairement sous forme de cours et stages mais aussi de formation en situation de travail (FEST ou AFEST). Les grandes entreprises forment toujours plus que les autres. Par ailleurs, 55 % des employeurs déclarent que les compétences s’acquièrent principalement, à 55 %, dans l’exercice du travail.
  • L’accès à la formation concerne plus les jeunes de moins de 30 ans, 46 %, (deux tiers des jeunes cadres, un tiers des ouvriers et employés non qualifiés) contre 41 % pour les plus de 30 ans.
  • objectifs des formations suivies :
    • spécifiques à un métier, 60 % pour les moins de 30 ans, 53 % pour les plus de 30 ans ;
    • hygiène et sécurité, respectivement 24 % et 31 % ;
    • visant une habilitation, un permis, 22 % pour chaque classe d’âge ;
    • visant une certification de branche, respectivement 11 % et 10 % ;
    • visant l’apprentissage des savoirs de base, 10 % et 14 % ;
    • visant un diplôme, 8 % et 7 %.
  • formation des seniors : 34 % des salariés âgés de 50 ans et plus déclarent avoir suivi une ou plusieurs formations contre 45 % âgés de 30 à 39 ans ; 46 % des salariés âgés de 50 ans ou plus déclarent souhaiter se former dans les 5 prochaines années et, pour ceux ayant suivi une ou des formations, l’objectif était à visée professionnelle afin d’éviter de perdre leur emploi ;
  • salariés n’ayant jamais suivi de formation : 30 % des salariés du secteur privé n’ont jamais suivi de formation depuis la fin de leur scolarité ; ce sont 21 % des diplômés de l’enseignement supérieur, 26 % baccalauréat, 35 % CAP BEP et 51 % sans diplôme. Parmi ces salariés n’ayant jamais suivi de formation jusqu’à fin 2013, 61 % souhaitent se former dans les 5 ans qui suivent.
  • Information et accompagnement des salariés : l’entreprise a pu jouer un rôle important dans le recours au compte personnel de formation (CPF) et, parmi les salariés en 2016 n’ayant pas changé d’entreprise depuis 2013, 48 % déclarent avoir été informés sur le CPF par leur employeur ; par ailleurs 75 % des entreprises déclarent avoir informé leurs salariés sur le CPF. Dans les entreprises de moins de 10 salariés du Bâtiment, 40 % de ces TPE déclarent avoir organisé des formations principalement pour répondre aux exigences réglementaires et 21 % déclarent s’être adressées à leur branche professionnelle aux fins de conseil sur la mise en place de leur politique de formation.
  • Formations obligatoires : 63 % des entreprises ont financé des formations obligatoires, c’est la plus grande part de formation pour les petites entreprises, c’est le cas aussi aux fins d’habilitation et certifications règlementaires, notamment pour 78 % des entreprises de Transport, 62 % dans la Construction, ainsi qu’en hygiène sécurité principalement pour 60 % en Hébergement Restauration, 54 % en industries extractives, en eau et énergie 51 % en Construction et 44 % en Transport entreposage. Ces formations obligatoires concernent 60 % des ouvriers.

Ce dispositif d’enquête est novateur et particulièrement intéressant sur les réalités de la formation professionnelle. Les travaux ont porté sur les périodes de 2013 à 2017 et on attend avec grand intérêt l’exploitation des données collectées jusqu’en 2019. Parmi les résultats issus de ce dispositif, signalons les premiers travaux sur les trajectoires professionnelles qui ont permis de regrouper et identifier 4 grandes catégories : (I) trajectoires marqués par l’emploi ; (II) trajectoires marquées par le chômage, l’inactivité et l’instabilité ; (III) trajectoires qui mènent à la retraite ; et (IV) trajectoires des salariés en formation initiale.

D’autre part, l’enquête montre bien l’importance et les limites actuelles des politiques de formation professionnelle et de compétences des salariés, avec toujours des disparités selon les CSP, les tailles d’entreprises, les secteurs, les politiques de ressources humaines et leur insertion ou non dans la stratégie de l’entreprise. Un point essentiel pour les élus du personnel, les commissions formation des CSE quand elles existent, et pour les syndicats tant dans la diffusion de l’information sur le CPF que dans les négociations sur la formation.
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Source


Notes :

[1Ceci à la demande du Conseil national d’évaluation de la formation professionnelle (CNEFP) et financé par le FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels). Elle associe le suivi d’une cohorte de salariés sur 5 ans et l’interrogation des entreprises qui les emploient initialement. La population enquêtée est composée de salariés en poste au cours du mois de décembre 2013 dans les entreprises échantillonnées, de 10 salariés ou plus des secteurs marchands, et entreprises de 3 à 9 salariés dans certains de ces secteurs).