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Europe : nouvelles approches pour la croissance et l’emploi

samedi 30 août 2014

Dans le cadre du symposium annuel des banques centrales d’août 2014, Mario Draghi, président de la BCE, a fait une communication sur le chômage en Europe.

Un langage neuf ! Dans cette intervention, on voit combien les effets des politiques rigoureuses développées depuis 2008 et la difficulté à faire repartir la croissance en Europe commencent à faire évoluer les politiques européennes dans le but d’ajouter aux actions de retour à l’équilibre budgétaire des politiques de soutien à la croissance, à l’investissement et à l’emploi.

Cette communication en vue de savoir comment réduire le chômage d’ordre conjoncturel ou structurel a porté dans une première partie sur les causes du chômage dans la zone euro, causes dues essentiellement à la longue récession de la zone qui, comparée à celle des Etats Unis, - chômage avec un pic en 2010/2011 baisse depuis 2012 -, s’est traduite dans la zone euro par une progression du chômage de 2008 à 2013 avec un début d’inflexion depuis. Il souligne que dans la relation entre crise financière et chômage, la crise des dettes souveraines depuis les années 2011 a un impact bien plus fort sur le chômage que la pré-crise de 1999/2008, et celle de 2008/2011 (crise bancaire), et qu’en plus de l’impact sur le chômage elle a désactivé les outils de stabilisation économique.

Des facteurs conjoncturels ont bien contribué à la hausse du chômage mais malgré des augmentations modérées de salaire, la faible reprise observée pèse sur les investissements des entreprises et donc sur la vitesse du retour à l’emploi des chômeurs. Il mentionne aussi que si les facteurs cycliques ont contribué à l’augmentation du chômage, il n’en reste pas moins que dans certains pays une part importante du chômage est aussi structurelle. Il s’appuie sur l’évolution du taux de chômage en relation avec le niveau de la demande de travail ou postes vacants (la courbe de Beverdige) pour constater que dans la première phase de la crise un fort recul de la demande de travail a produit une forte augmentation du chômage dans la zone euro alors que, dans la seconde phase de récession, une nouvelle augmentation du taux de chômage était observée bien que les taux de poste vacants aient démontré une progression.

À noter également, pour la zone euro, le doublement du chômage de longue durée et la baisse très forte et continue depuis 2009 de l’emploi dans la construction, ainsi que l’inadéquation entre les compétences requises par les employeurs avec la population en chômage, notamment celle des chômeurs faiblement qualifiés, phénomène constaté aux niveaux local, national et de la zone euro.

Dans une deuxième partie et pour résoudre le haut niveau de chômage, la réponse se trouve pour lui, pour retrouver la croissance, dans une politique conjointe de la demande globale et de l’offre au niveau de la zone euro et par pays. Mais l’impact sur le niveau de chômage ne sera atteint que si la stratégie qui la soutient est cohérente. En même temps, la politique de la demande globale doit être accompagnée dans les pays par des réformes structurelles qui ne peuvent plus être reportées.

En matière du marché du travail, il mentionne en particulier que le niveau de l’entreprise est le plus pertinent et qu’il faut réduire les distorsions, telle celle du dualisme sur ce marché. Améliorer l’éducation, la formation pour le développement des compétences - incluant la formation sur le poste de travail -, la formation tout au long de la vie permettra de contribuer à améliorer également la compétitivité par rapport aux pays émergents.

Par ailleurs si la politique monétaire, qui joue un rôle central et le paquet de mesures de la Banque Centrale Européenne de juin 2014 (incluant le taux d’intérêt négatif) devraient améliorer cette demande globale, il se déclare prêt à de nouveaux ajustements et indique par ailleurs des outils nouveaux qui pourraient stimuler le crédit bancaire et évoque le rachat de titres.

Il souligne qu’à ce stade la seule voie à suivre est la combinaison de la politique monétaire, accompagnée d’une politique budgétaire et fiscale revue et harmonisée plus performante et efficace à la fois au niveau de l’Union et par pays. Car il note qu’à ce jour la politique monétaire existe sans une politique commune au niveau de l’Union. Et il demande « une composition de politiques budgétaires plus propices à la croissance ».

Dans le cadre de la politique de demande globale il insiste en particulier pour la mise en place d’un vaste programme d’investissement public au niveau de l’Union en cohérence avec les propositions du nouveau Président de la Commission européenne. Car il souligne que la cohésion à long terme de l’Union dépend de la capacité des pays membres d’atteindre un bon niveau d’emploi, sachant que le coût des menaces de non cohésion est très élevé.