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CGT : une unité retrouvée sur le syndicalisme de lutte ?

mercredi 30 mars 2016

Le 51° congrès de la CGT aura lieu du 18 au 22 avril 2016 à Marseille. Ce congrès se tiendra un peu plus d’an après une crise interne qui a abouti au départ du secrétaire général élu au dernier congrès Thierry Lepaon. La nouvelle direction emmenée par Philippe Martinez est donc amenée à défendre l’activité de la confédération depuis le congrès et à proposer de nouvelles orientations pour les trois ans à venir. Son principal objectif est de redonner confiance à une organisation qui a souffert ces dernières années de ses divisions et de ses luttes internes pour le pouvoir après le départ de Bernard Thibault.

À la lecture des textes du congrès de la CGT, nous retiendrons trois points importants qui semblent marquer un tournant pour la centrale.

1/ Le retour à un syndicalisme de contestation et de lutte face à la crise du capitalisme. Pour la Direction confédérale, la lutte des classes est toujours d’actualité. Le développement des idées libérales éclate le salariat et divise les salariés, précarise le travail sous toutes ses formes, met en concurrence les salariés et aggrave les inégalités. Seule réponse, l’amélioration de son rapport de force, avec une CGT plus à l’écoute, plus proche des salariés alliant satisfaction de revendications immédiates et objectifs de transformation sociale.

2/ La centrale prend clairement ses distances avec le dialogue social qui, pour elle ne se traduit que par des reculs. Tous les textes issus du dialogue entre partenaires sociaux se traduisent par la satisfaction des revendications patronales et ne prennent pas en compte les intérêts et les revendications des travailleurs. Et même si elle reconnaît des difficultés pour l’inverser, le rapport de force est le seul moyen de peser sur les négociations. Pour cela, la CGT ne doit pas hésiter à porter des revendications fortes telles que les 32 heures, par exemple, parce « la domination des idées libérales ne s’étend que si l’exigence de progrès social recule ».

3/ Il est nécessaire de re-confédéraliser l’action des organisations CGT par le respect des règles internes. De même le rôle des Comités régionaux doit être renforcée « pour donner force à des ambitions confédéralisées dans les territoires ». Le texte laisse transparaître, souvent sur un mode incantatoire, une volonté de remise en ordre de la CGT pour remettre du « tous ensemble » là où il n’y a souvent plus que du « chacun pour soi ».

Le retour à une ligne plus dure largement assumée, l’attaque violente du texte contre le syndicalisme dit d’accompagnement, qui vise particulièrement la CFDT, sans la nommer, les interrogations sur le syndicalisme rassemblé semblent effacer une vingtaine d’années d’évolution vers un syndicalisme plus réformiste, ligne incarnée avec des nuances par Bernard Thibault.

La tournée effectuée par le Bureau Confédéral auprès des syndicats CGT devrait permettre à la direction de la centrale de mesurer le niveau d’adhésion des syndicats et des militants à ces orientations et opérer les corrections suffisantes pour assurer l’unité de l’organisation. Le conflit sur la loi El Khomri vient à point nommé pour ressouder l’organisation.

Il sera très intéressant de suivre les débats de ce congrès pour voir si l’organisation suit globalement cette ligne plus contestataire et si la CGT a réellement et durablement retrouvé son unité.


Pour en savoir plus :
Lire le résumé des textes du congrès au format PDF
Sources :
Textes du congrès parus dans les numéros spéciaux du journal « Le Peuple » (Hors série n°1 et 2 de janvier 2016).